Un « pacte des solidarités » qui ne répond pas à l’explosion de la pauvreté

Publié le 18 septembre 2023

La pauvreté touche en France au moins 10 millions de nos concitoyen·nes. La précarité sociale et écologique se renforce, particulièrement depuis la crise sanitaire, l’accélération du réchauffement climatique et le développement de l’inflation. Pour le PCF, cette situation est non seulement inacceptable dans notre pays, si riche, une des plus grandes puissances économiques du monde, mais elle constitue en outre une menace pour l’unité de la nation et notre vie démocratique.

18 % des ménages vivent continuellement à découvert et 31 % des Françaises et des Français sautent des repas parce qu’ils n’ont pas les moyens. Les femmes, les jeunes et les étudiant·es sont particulièrement touché·es. 4,8 millions vivent dans des passoires énergétiques.

Contrairement aux déclarations du pouvoir, la réalité est que le chômage reste massif et que le travail ne paie pas assez : 6 millions de personnes sont privées totalement ou partiellement d’emploi et 2 millions de personnes qui travaillent sont pauvres en France !

Quant à la promesse de 2017 d’Emmanuel Macron - « plus aucun SDF dans la rue d’ici un an… » -, elle n’a pas été tenue : le nombre de familles à la rue explose et parmi elles, beaucoup d’anciens enfants placés, montrant ainsi le manque de moyens de l’Aide sociale à l’enfance pour qu’elle assure ses missions. 300 000 personnes sont sans domicile fixe et 2 000 enfants sont aujourd’hui à la rue !

Tout le monde s’accorde en outre sur le fait que la forte inflation de ces derniers mois conduit à une paupérisation accélérée et massive de la société française. Parce que la hausse des profits est responsable de 45 % de l’inflation, c’est le coût du capital qu’il faut combattre, c’est au capital de payer ! Et les choix des entreprises doivent être orientés vers la réponse aux besoins sociaux et écologiques.

Emmanuel Macron et son gouvernement prétendent, par ce pacte, répondre à une situation d’urgence qu’ils aggravent par leur politique : après la réforme des retraites et celle de l'Assurance chômage, l’annonce d’un plan d’austérité de 15 milliards d’euros, le projet de loi dit pour « le plein emploi » qui pousse les travailleurs à accepter n’importe quel emploi avec n’importe quel salaire, vont renforcer la pauvreté en France et constituent un obstacle majeur pour relever tous les grands défis sociaux et écologiques actuels, des défis qui nécessitent, à l’inverse de cette politique, des emplois et des formations de qualité.

Appliquer cette politique tout en annonçant un « Pacte de solidarité » est ainsi totalement contradictoire, inopérant, cynique. Les mesures de ce plan ne sont rien d’autres que des rustines qui colmatent à peine quelques urgences sans répondre à un besoin de transformation profonde de notre société de plus en plus inégalitaire.

L’heure n’est pas à légiférer pour les « pauvres », à faire acte de charité. La population aspire à l’indépendance économique, à vivre dignement du travail, à se former, élever ses enfants, se loger, se déplacer et se soigner dans de bonnes conditions, à bénéficier de services publics de qualité, notamment en cette rentrée d’une gratuité effective de la scolarité.

L’heure est à un plan d’urgence contre l’inflation avec des mesures fortes : blocage des prix, en particulier de l’alimentation et de l’électricité, sortie des logiques du marché européen de l’énergie, baisse de la TVA sur les carburants, indexation des salaires sur l’inflation et augmentation des salaires et des retraites.

L’heure est à engager la construction d’une société nouvelle, libérée des exigences du capital, une société dans laquelle tous les âges de la vie sont sécurisés, où le travail est respecté et valorisé, où le temps libre, du temps de travail à la retraite, en passant par la vie sociale, familiale et la culture, est développé, et les droits fondamentaux garantis, une société où les richesses, les savoirs et les pouvoirs sont partagés.

Ainsi, une réponse ambitieuse à la pauvreté passe par quatre leviers :

  • Premièrement, une politique de l’emploi et de la formation ambitieuse permettant à toutes et tous d’accéder à un emploi et de vivre de son salaire, ou d’un revenu de formation, de s’épanouir pleinement dans leurs projets professionnels avec un droit à une mobilité choisie, avec l’égalité salariale femme-homme et la régularisation des travailleurs sans-papiers. Si les aides sociales devraient être revalorisées réellement dans l’urgence, ce n’est que par une réelle sécurisation de l’emploi et de la formation comme nous le proposons que la pauvreté et la précarité pourront être éradiquées.

  • Deuxièmement, la promotion et le développement sur l'ensemble du territoire de services publics démocratiques, garantissant l'égalité républicaine et reposant sur une fonction publique revalorisée, et des mesures pour le climat favorables aux catégories populaires et moyennes. C’est le sens de nos propositions pour la santé, l’éducation, le logement, les transports et l’ensemble des services publics ainsi que du plan climat que nous présenterons le 6 novembre prochain.

  • Troisièmement, une politique familiale à la hauteur des besoins afin de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, sans sacrifice financier.

  • Quatrièmement, une conditionnalité écologique et sociale de toutes les aides publiques aux entreprises et aux banques, alors qu'elles sont, actuellement, essentiellement conditionnées à pratiquer de bas salaires. Cette conditionnalité serait assortie de nouveaux droits d'information sur ces aides et de suivi de leur utilisation par les salarié·es et les citoyen·nes.

Paris, le 18.09.2023

Parti communiste français.