Une fête réussie, ouverte sur l’avenir

Publié le 05 juillet 2023

Les luttes et la joie étaient au cœur de la traditionnelle Fête du Travailleur Catalan, l’hebdomadaire communiste historique des Pyrénées-Orientales. Des milliers de participants, pendant deux jours, ont arpenté les allées, ont débattu, polémiqué et ont fait la fête.

« Nous avons vraiment retrouvé de belles couleurs », confiait ainsi l’un des responsables départementaux du PCF, satisfait et rassuré, qui rajoutait aussitôt : « Ce n’était pas gagné d’avance. »

Après le confinement il y a eu la reprise, en 2022, plutôt timide et peu fréquentée. Ce rassemblement existe depuis des décennies. Il était, il y a cinquante ans, le seul «  » où le peuple peu fortuné, ouvrier ou paysan, pouvait venir se cultiver, débattre, écouter et approcher des artistes de niveau national et international, pouvait venir témoigner de leur vie et passer un week-end entre amis, entre camarades et en famille. Aujourd’hui, les grands festivals musicaux se concurrencent et envahissent l’espace à coup de millions d’euros. « Nous devrons faire avec ». Et la réponse populaire a été donnée.

Le contexte national, départemental et international a évidemment marqué la fête. Dans les PO, quatre députés sur quatre sont au RN, ainsi que la mairie de Perpignan. La pauvreté est au plus haut (avant-dernier département de France), la politique menée par le gouvernement aggrave la situation et la sécheresse tenace est au centre de tous les débats. Le contexte, « c’est aussi l’immense mobilisation contre la réforme des retraites depuis six mois, ne l’oublions pas », rappelle Dominique, « directeur » de la fête. Et ça s’est vu. Les émeutes sont aussi dans tous les esprits.

Les débats ont fait le plein. L’un traitait de la nécessaire mobilisation pour la paix et le désarmement, et annonçait les initiatives de l’automne. Un autre, très animé, à l’initiative des cheminots communistes et de la CGT, posait la question de l’avenir du rail pour les voyageurs et pour les marchandises. Dans les PO deux lignes TER sont à reconquérir, et le fret « public » abandonné par l’État et la SNCF est à remettre à l’endroit. « Seuls, les cheminots ne pourront pas gagner. Les citoyens doivent s’en mêler maintenant », lançait l’un des participants. Le débat sur « l’avenir du tourisme, écologique et social » faisait, lui aussi, le plein. Le « sur tourisme », l’écologie, la crise climatique et le déficit hydraulique, le recul des « vacances populaires », les mobilités polluantes de la route, l’artificialisation importante des sols, le saccage des paysages étaient alors évoqués, non sans contradictions et polémiques, dans des échanges loyaux et vifs. Enfin, celui sur les luttes et les perspectives, très animé, mettait en avant les convergences existantes et les difficultés et les désaccords à dépasser, persistants, sans tabou. Les intervenants (PCF, PS, EELV, LFI…, syndicalistes), à la tribune et dans le public, dans l’ensemble des débats, ont pu dire leurs convictions et écouter les autres.

L’intersyndicale s’est invitée ! Trois fédérations ont donc décidé d’être ensemble, dans le même stand, prolongeant ainsi l’unité solide de ces derniers mois. Inédit. La CGT, Solidaires et la FSU. Un succès. Le stand n’a pas désempli. Un recueil luxueux de photos des luttes locales récentes était ainsi proposé aux visiteurs, promettant les bénéfices à la solidarité. Tous ont été vendus. Les postiers ont préparé les manifestations de soutien à Alex, secrétaire départemental de la Fapt CGT, convoqué à Paris le 4 juillet pour être révoqué.

Sourires, couleurs, satisfactions jusque sur les scènes où les artistes n’oubliaient pas de remercier les organisateurs, de dire leur plaisir d’être là et aussi leurs solidarités envers les luttes en cours, pour les biens communs et pour une autre humanité.

Michel Marc