Une guerre sans nom versus une solidarité sans frontière

Publié le 27 septembre 2023

« J’ai alors pris conscience de notre responsabilité collective, dont la mienne, en ne faisant pas assez pour expliquer la terrible réalité du blocus. » Car se taire n’est-il déjà pas une complicité avec cette guerre sans nom des États-Unis contre Cuba ?, écrit André Chassaigne dans les premières lignes de son ouvrage (1) paru à la Fête de l’Huma.

Aujourd’hui, c’est 80 % de la population cubaine qui sont nés sous le joug du blocus qui a déjà coûté 1 391 milliards de dollars au pays depuis son imposition. Depuis 1992, l’Assemblée générale de l’ONU vote une résolution annuelle à la quasi-unanimité demandant son abrogation. La semaine passée encore, le président cubain Diaz Canel s’est rendu à New York (du 18 au 24 septembre 2023) pour la 78e Assemblée générale des Nations unies au nom de la présidence du groupe G77 + Chine (2) et a dénoncé « la guerre économique extraterritoriale des États-Unis » encore renforcée depuis la pandémie.

Face à cette situation, la résistance s’organise. Aux États-Unis d’abord : avec de nombreuses mobilisations autour de la venue du président cubain dont un grand meeting à Société pour la Culture éthique de New York qui a accueilli samedi 23 septembre plus de mille personnes sous le titre de Voces de dignidad (Voix de dignité). En Europe ensuite, où les actions se multiplient et où sera organisé à Bruxelles, les 16 et 17 novembre prochains, le « tribunal contre le blocus » avec des mouvements de solidarité, syndicaux, politiques et associatifs de toute l’Europe, mais aussi avec des juristes, chefs d’entreprises et avocats pour dénoncer le blocus, son illégalité et son aspect extra territorial. Le PCF sera évidemment partie prenante de cette initiative.

À la Fête de l’Humanité déjà, la campagne politique et de solidarité avec Cuba, annoncée au 39e Congrès, a fait l’objet d’un « lancement officiel », avec de nombreux participants et en présence de la délégation cubaine à la fête. « Plus grande initiative sur Cuba depuis plusieurs décennies » de mémoire de militants, cette soirée a montré l’enthousiasme des communistes à s’engager pleinement dans cette campagne, tout comme les attentes du peuple cubain et de ses amis de voir le PCF revenir à l’offensive sur cette question. Il nous faut maintenant passer la seconde vitesse !

Cette campagne ne sera efficace dans la collecte de matériel comme dans la bataille idéologique que nous devons mener que si l’ensemble des fédérations et des militants communistes s’en emparent !    Pas une semaine ne se passe sans que nous ne recevions des demandes et questions des camarades et associations sur comment nous allons la mener. La réponse est simple et se résume en trois mots : organisation, organisation et organisation !

Organisation,    parce que chaque fédération du Parti doit à présent avoir désigné un référent dans son département et fixé des objectifs politiques (quelle population nous voulons toucher/convaincre... pour pouvoir adapter l’argumentaire en fonction) et de solidarité concrète (quel matériel envoyé, quelle coopération territoriale...).

Organisation,    car nous devons former des comités de campagne au niveau national et départemental réunissant les différents acteurs de la solidarité : syndicats, associations, organisations professionnelles, mais aussi personnalités et « experts », afin de former des comités de soutien.

Organisation,    enfin, car nous devons pouvoir discuter collectivement des initiatives et du calendrier de campagne pour pouvoir avancer, et il y a urgence !

L’internationalisme fait partie des bases de notre engagement communiste. Il est aussi un élément fondamental de la Révolution cubaine depuis 1959, et s’est encore illustré pendant la pandémie avec l’envoi de brigades de médecins jusque sur notre sol. « Je viens chercher à Cuba la preuve que nous avons encore une chance », écrivait Jean-Paul Sartre. Nous ne menons pas cette campagne pour Cuba uniquement parce qu’elle est juste, mais aussi parce que ce pays, son peuple et sa Révolution sont pour nous la preuve qu’un autre monde est possible : que le capitalisme et l’impérialisme ne sont pas une fatalité.

Nous devons à Cuba d’avoir résister pendant toutes ces années. Il est temps que le PCF reprenne toute sa place dans la solidarité avec l’île pour l’aider à surmonter les épreuves qu’elle traverse actuellement. µ

Charlotte Balavoine


membre du Conseil national

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1. Cuba, cette étoile dans la nuit. La lutte d’un peuple contre un blocus criminel. André Chassaigne, éditions du Temps des Cerises, 2023.

2. Depuis janvier 2023 Cuba occupe la présidence du G77 + Chine qui est la plus grande coalition au sein des Nations unies, regroupant 134 pays, afin de promouvoir la démocratisation des relations internationales et peser sur les décisions économiques et politiques. La présidence cubaine est d’ailleurs mise sous l’égide de la réalisation des Objectifs de développement durable de l’Onu (ODD).

 

Rdv

- mercredi 27 septembre de 17h15 à 19h45 : Marx au XXIe siècle:

Séance d'ouverture Rémy Herrera: Pour une histoire de Cuba

interprétée au prisme de Marx (présentation du Livre: Une histoire

populaire de Cuba de 1492 à nos jours). Université Panthéon-Sorbonne.

Centre Panthéon, amphithéatre 3: entrée par le 12 place du Panthéon.

- 16 et 17 novembre: tribunal contre le blocus à Bruxelles