Usagers, personnels et élus, mobilisons-nous pour sauver le service public postal

En 3 ans, en France, un tiers des bureaux avec guichets ont été fermés (de 8 414 à 5 300).

Et le pire est devant nous : le nouveau plan stratégique prévoit d’en fermer la moitié d’ici à 2025.

Tout le monde est concerné. Les petites communes comme Mancieulles (1 880 hab., Meurthe-et-Moselle) qui luttent pour sauver leur unique bureau, ou les villes moyennes comme Rezé (40 000 hab., Loire-Atlantique) où les bureaux principaux sont menacés de fermeture qui entraînerait la saturation des autres.

C’est vrai aussi pour les grandes villes. À Paris (38 bureaux fermés en 5 ans), l’annonce de fermeture dans le 20e du bureau Belgrand suscite une levée de bouclier des habitants (1 000 pétitionnaires en une semaine), des élus (à l’initiative des élus PCF, 3 vœux dans le 20e et un au niveau parisien votés à l’unanimité) et des organisations syndicales. Un rassemblement a eu lieu en présence de Fabien Roussel ce jeudi 21 octobre et un collectif citoyen sera lancé le 27 octobre à l’initiative du PCF, de la CGT, de SUD PTT et de la Convergence services publics. Le 20e a 8 bureaux de plein exercice pour 200 000 habitants. En fermer un, c’est comme supprimer les bureaux des Ulis ou de Biarritz !

Dans le Val-de-Marne, 15 communes ont connu au moins une fermeture de bureau depuis 2017 et quatre bureaux sont aujourd’hui menacés : Ivry-sur-Seine Plateau, Saint-Maur-des-Fossés La Pie, Villejuif Léo Lagrange et Vincennes Jarry. Des mobilisations régulières ont lieu depuis septembre. Elles s’amplifient et s’étendent au manque d’effectifs et à la baisse des horaires de 50 bureaux sur les 80 du département.

Les effectifs diminuent encore plus vite : de 2004 à 2020 La Poste a supprimé 55 100 emplois, alors qu’elle a été la première bénéficiaire du CICE. Désormais seuls quatre départs en retraite sur dix sont remplacés.

Or la Poste livre toujours 7,4 milliards de lettres et 2,4 milliards de colis. Ce n’est pas rien. Cela justifie un service public postal de qualité. De plus, La Poste réalisera en 2021 plus d’un milliard de bénéfices et percevra chaque année 500 millions en plus de l’État.

Pourquoi cette cure d’austérité contre le service public alors ?

D’un côté, le service public universel mis en place par le traité de Maastricht. Contrairement au service public, il se limite à quelques obligations (lettre de moins de 20 grammes, 90 % de la population à moins de 5 km et à moins de 20 minutes en voiture d’un « point de contact » de La Poste, etc.). Alors que l’entreprise publique était bâtie autour de ses missions de service public, celles-ci ne représentent plus qu’une branche coûteuse dont il faut se débarrasser.

De l’autre, la cure d’austérité qui n’en finit pas : les gouvernements successifs veulent rentabiliser les entreprises publiques pour compenser et augmenter les cadeaux à la finance et les poussent donc à être ultra-rentables. Il veut que La Poste (100 % publique) se transforme en une « bancassurance » comme une autre pour toucher plus de dividendes.

D’où la baisse de qualité et de marchandisation des missions, d’où la perte de sens du métier subie par les postiers.

Cela est facilité par le dernier contrat triennal Poste-État-AMF qui n’accorde plus de pouvoir de décision au maire, hors des quartiers prioritaires de la ville et zone montagneuse, mais un simple « avis » consultatif.

Malgré tout, le rapport de force usagers-personnels-élus paie aussi bien dans les petites communes comme Castéra-Verduzan (1 000 hab.) qui a gardé son bureau ouvert le samedi, que dans les grande comme à Paris 20e qui a vu La Poste Mortier sauvée et dans le Val-de-Marne où La Poste revient sur les diminutions d’horaires.

C’est à force de mobilisations citoyennes, de grèves et de rapports de force politiques que nous réussirons à faire entendre l’importance d’un accès à des services publics de qualité pour toutes et tous partout. L’heure est à la mobilisation pour défendre et développer nos services publics, notre bien commun, et les inscrire dans le débat de la présidentielle !

Michel Jallamion