Covid-19 : virus identique mais effets différents

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La pandémie continue à progresser et à se répandre sur tous les continents. L’Amérique du sud est évidemment, elle aussi, touchée. Les mesures pour préparer le pays à la lutte contre le virus sont bien différentes en fonction des pays. Mais tout le monde s’accorde à dire que la crise sanitaire et économique sera bien mondiale et les gouvernements, les institutions internationales doivent trouver des réponses qui ne laisseront personne de côté. Ces réponses sont l’objet de débats politiques importants dans des pays comme le Brésil et le Chili.

Au Brésil, l’attitude du président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, est très loin de faire unanimité, en particulier depuis sa dernière conférence de presse où il a fustigé les initiatives de certains gouverneurs ou maires du pays (confinement de la population, arrêt de certaines productions, distributions de nourriture et de réserve d’eau, etc.). Les sujets de discorde ne sont pas réduits à la décision de confinement ou pas, mais aussi aux questions sociales et d’inégalités.

A la lecture des contributions du Parti des travailleurs (PT) ou du Parti communiste du Brésil (PCdoB), il est facile d’affirmer que tout le monde n’est pas à égalité dans la lutte contre le virus.

En effet, la première des batailles des conditions sanitaires est l’accès à l’eau courante, au savon, à l’électricité. Un autre sujet est la compensation de perte de salaire des travailleurs indépendants et des travailleurs informels. A ce sujet, la présidente du Parti des travailleurs, Gleisi Hoffman, lors d’une déclaration le 24 mars 2020, a lancé l’idée d’un projet d’assurance de base pour garantir un salaire minimum à la moitié de la population brésilienne afin de réduire l’impact de la pandémie et les inégalités d’accès au système de santé. Il a été aussi proposé par un député du PT d’exonérer durant cinq mois le paiement de l’électricité, de l’accès à l’eau et aux réseaux d’eaux usées pour les personnes en difficulté.

Dans une résolution de l’exécutif du PCdoB du 18 mars 2020, le parti appelle à la solidarité de ses militants pour protéger et prendre soin de la vie des habitants du Brésil. Cette résolution félicite les gouverneurs qui font d’énormes efforts pour faire face à la pandémie et à ses conséquences économiques. Le PCdoB précise dans ce texte qu’il a rassemblé différents partis politiques, des syndicats, des gouverneurs pour porter des mesures importantes : la possibilité de dépasser les plafonds des dépenses dans le budget du pays pour permettre le renforcement du système de santé ; débloquer une ligne budgétaire pour les États et les municipalités ; des mesures pour garantir les contrats de travail et l’assurance chômage ; la création d’un fond d’urgence pour garantir un revenu minimum ; étendre la Bolsa Familia (bourse familiale pour lutter contre la grande pauvreté) et garantir l’accès à la nourriture, à l’eau et à l’assainissement aux populations les plus fragiles.

Au Chili, la pandémie arrive au milieu d’une situation sociale et politique tumultueuse. Le référendum a été reporté en octobre et là aussi le Parti communiste du Chili s’inquiète des mesures du gouvernement qui laisseraient une partie de la population sans défense contre le Covid-19.

Le Parti communiste du Chili a fait plusieurs déclarations publiques en ce sens portant des propositions concrètes. Le 18 mars, les communistes chiliens ont présenté cinq propositions pour permettre l’accès aux gestes de prévention aux plus de 15 000 personnes qui vivent dans les rues. Deux jours après, ils présentent une déclaration comportant huit propositions concrètes en rappelant que 30% de la population active du Chili sont des travailleurs informels ou indépendants. Ils proposent d’augmenter les emplois publics, d’accélérer les prestations de retraite, les subventions de l’État pour maintenir l’emploi, le gel des prix des produits de première nécessité, le gel des paiements des services de base comme l’eau et l’électricité.

Les inégalités, la pauvreté ne se confinent pas elles et il est urgent de prendre des mesures de solidarité et ne pas tourner le dos aux populations les plus fragiles.

Cécile DUMAS
responsable-adjointe du secteur International