Desmond Tutu : « Ubuntu », rien de ce qui est humain ne lui était étranger

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Figure éminente de la lutte du peuple sud-africain contre le régime d'apartheid puis de la « nation arc-en-ciel » post-apartheid, non-raciale et démocratique, Desmond Mpilo Tutu vient de s'éteindre à l'âge de 90 ans. Il laisse orphelin le peuple sud-africain tout entier et, au-delà, toutes celles et tous ceux qui, de la solidarité internationale anti-apartheid à l'engagement pour une paix juste et durable au Proche-Orient, ont partagé les combats de sa vie.

Reconnu, estimé et hautement respecté pour la finesse de son intelligence et sa force de caractère, tout comme son humour et sa joie de vivre, Desmond Tutu a dédié son sacerdoce à la libération de son peuple et la mise à bas du crime contre l'humanité qu'était l'apartheid.

Jusqu'à son dernier souffle, Desmond Tutu aura lutté pour la justice et l'égalité, la fraternité des peuples, la solidarité, le droit et les libertés, contre le racisme et la xénophobie, et les dominations de toutes sortes. « Ubuntu », rien de ce qui est humain n'était étranger à Desmond Tutu.

Desmond Tutu a présidé de 1996 à 1998 la Commission Vérité et Réconciliation (Truth and Reconciliation Commission, TRC), chargée de faire la lumière sur les crimes commis entre 1961 et 1994 et d'engager un processus de réconciliation nationale, et de justice réparatrice envers les victimes de l'apartheid. « Ceux d'entre nous qui s’inscrivent dans la tradition chrétienne ont, peut-être, une responsabilité spéciale parce que cette nation a instrumentalisé au cours des années les sources théologiques chrétiennes pour promouvoir l'apartheid », écrira-t-il en 1996.

C'est à partir du milieu des années 1960 que celui qui deviendra près de 25 ans plus tard le premier archevêque anglican noir du Cap et prix Nobel de la paix (1984) s'engagea de façon active contre l'apartheid, pour l'égalité absolue entre tous les Sud-Africains. Fortement influencé par le mouvement de la conscience noire et la théologie africaine, Desmond Tutu épousait les ambitions de la Charte de la Liberté, initiée par le Congrès national africain (ANC) d'une Afrique du Sud libre, non-raciale et démocratique.

À partir de 1983, il sera l'une des personnalités de premier plan de son pays qui, aux côtés du révérend Allan Boesak, animeront le Front démocratique uni (United Democratic Front), coalition de plusieurs centaines d'organisations et associations dont le rôle s'est révélé déterminant pour unir et élargir encore la mobilisation populaire anti-apartheid en Afrique du Sud comme au plan international.

C'est aussi avec Allan Boesak que Desmond Tutu présidera la TRC pendant deux ans ; une entreprise douloureuse pour les Sud-Africains, trop souvent frustrante mais qui aura contribué à éloigner le spectre d'une guerre civile dans son pays et, au plan international, à l'élaboration d'institutions spécifiques au traitement des violences perpétrées par des régimes criminels.

C'est aujourd'hui avec solennité que le Parti communiste français (PCF) s'incline devant la mémoire de Desmond Mpilo Tutu et exprime à sa famille et au peuple d'Afrique du Sud ses condoléances attristées.

Parti communiste français,
Paris, le 26 décembre 2021