Egypte : M. le Président Al-Sissi, vous n'êtes pas le bienvenu en France

La visite d’Etat du président Abdel Fattah al-Sissi tonne comme une sinistre et criminelle provocation à l’égard des défenseurs des droits humains égyptiens.

Ce régime de terreur compte près de 60 000 détenus politiques dont de nombreux démocrates, des journalistes, des syndicalistes, des minorités religieuses ou sexuelles qui subissent des conditions de détention abominables. Les exécutions capitales se multiplient à un rythme effréné pour signifier au monde que ce pouvoir assassin ne lâchera rien sur la répression et sur le climat de peur qu’il a instauré. L’arrestation d’une délégation de l’organisation « Initiative égyptienne pour les droits des personnes » qui venait de rencontrer des diplomates français et allemands en est l’illustration tragique. La « lutte contre le terrorisme », au demeurant inefficace, n’est qu’un prétexte pour étouffer la moindre voix discordante dans ce pays.

Si le régime est parvenu à écraser les oppositions, le ressentiment du peuple égyptien à l’égard des classes dirigeantes corrompues qui pillent et ruinent le pays est immense. Les inégalités s’accroissent plongeant un tiers des Egyptiens sous le seuil de pauvreté. Les derniers mouvements sociaux ont été l’expression de cette colère et le Parti communiste français (PCF) exprime sa totale solidarité avec le peuple égyptien.

La défaite de D. Trump qui considérait Al-Sissi comme son « dictateur préféré » affaiblit le régime. A l’échelle régionale, l’idylle entre les monarchies du Golfe et Israël isole davantage Le Caire. La visite du président égyptien s’inscrit donc sous les auspices du renforcement des relations économiques et stratégiques avec la France.

Avec les ventes du Rafale, de frégates, de blindés, les ventes d’armes sont prioritairement au cœur de cette relation. L’entrevue d’Al Sissi avec la ministre française des Armées laisse entrevoir de nouveaux achats et notamment des drones de surveillance qui pourront être utilisés, comme par le passé, contre le mouvement populaire égyptien. La situation libyenne et les tensions en Méditerranée orientale seront également à l’ordre du jour dans la perspective de faire monter la tension d’un cran.

La France a tout à perdre et se discrédite dans le soutien inconditionnel qu’elle apporte au tyran égyptien. Le PCF appelle fermement le gouvernement à reconsidérer les termes de la coopération avec l’Egypte en exigeant le respect des droits humains et la libération des prisonniers politiques. Les ventes d’armes doivent cesser et les contrats d’assistance et de maintenance être annulés.

M. le président Abdel Fattah al-Sissi, vous n’êtes pas le bienvenu en France.

Le PCF appelle à se joindre au rassemblement de protestation mardi 8 décembre (18h) à l’Assemblée nationale.

Parti communiste français,
Paris, le 4 décembre 2020