Face au chaos néolibéral la nécessité de construire du commun est absolue, en Afrique comme ici.

Depuis la rentrée, le collectif Afrique du Parti communiste français a repris ses visites aux partis de gauche, syndicats, associations et collectifs citoyens avec lesquels il entretient des relations suivies sur le continent africain. Seul ou en association avec le groupe de travail Afrique (GTA) du Parti de la gauche européenne (PGE), il a envoyé des délégations en Côte d’Ivoire, au Burkina et au Sénégal. Ces rencontres en « présentiel » s’ajoutent à une intense activité « distancielle » expérimentée depuis le début de la crise sanitaire. Les webinaires organisés en association avec des partenaires ont permis d’échanger avec les représentants de forces de gauche disséminés sur le continent (Nigeria, Afrique du Sud, Kenya, Mali, etc.). Les débats sur les plateformes électroniques, les voyages sur le terrain ou les rencontres ici en France avec nos interlocuteurs qui réussissent à échapper aux traquenards administratifs dans la délivrance des visas des services consulaires français nous ont permis de mieux appréhender la situation d’un continent avec lequel l’Europe est en contact étroit depuis plusieurs siècles. Plus encore, ces derniers contacts montrent l’importance de multiplier les espaces et les occasions de dialogue.

Discuter, échanger pour trouver ensemble des issues

Il s’agit dans le respect des prérogatives de chacun, de multiplier les échanges et les discussions avec nos amis et camarades des organisations de gauche africaines pour dégager des approches communes, et aplanir et dépasser certains désaccords ou incompréhensions. Précisons d’emblée que nous avons plus de convergences de points de vue que de motifs de frictions. Nous partageons l’objectif stratégique ultime de mettre à bas le chaos néolibéral qui paupérise et déstabilise nos sociétés. Les inégalités mondiales, internationales, nationales, de genre, intergénérationnelles atteignent leur paroxysme. Elles sont le symptôme d’un capitalisme en crise qui produit des ravages, pour les hommes et la nature. Il convient donc de créer les conditions d’un changement radical pour dépasser ces logiques destructrices et construire ensemble une alternative de transformation sociale. Ces convergences constituent un socle solide et durable d’une coopération mutuellement profitable pour peu que nous dépassions nos divergences d’ordre tactique. Les sociétés africaines à l’instar des nôtres sont dans un moment conservateur où les idées rances et rétrogrades tiennent le haut du pavé. Les autoproclamées « ligues de vertu » scrutent tout propos, sondent les intentions à la recherche de toute hétérodoxie. Des forces rétrogrades alliées objectives du capital transnational ne font pas dans la dentelle. Certaines sont prêtes à tout, y compris à souffler sur les braises de conflits locaux non résolus, à actionner les leviers pourris de l’extrême droite et de l’obscurantisme, de la guerre comme moyen de dominer ou de remodeler des territoires. Leur objectif est de revenir sur tous les progrès obtenus notamment dans le sillage des luttes d’indépendance qui furent un moment important de réalisation de l’universalisme. Les progressistes, nos camarades et nos amis sont sur la défensive. Ils partagent en cela, notre sort !

Ils nous décrivent une Afrique en pleine ébullition. Un bouillonnement protestataire et des résistances populaires y ont un large spectre d’expressions. Le contexte de montée de l’autoritarisme rend extrêmement périlleuse l’action des militants de gauche. La répression se fait dans un silence assourdissant. Malgré toutes ces difficultés, des luttes sont couronnées de succès. Le PCF peut s’honorer d’avoir modestement contribué à desserrer dans plusieurs pays l’étau de la répression et à faciliter la libération de prisonniers d’opinion.
Essayons ensemble de sortir de cette situation préoccupante. Asseyons-nous et discutons des objectifs tactiques que nous devons poursuivre dans cette conjoncture, et construisons le plus de convergences possibles en vue de la réalisation de notre humanité commune.

Félix Atchadé
Collectif Afrique du PCF