Exiger la suspension des accords d'association UE-Israël contre le cynisme européen

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Pour la première fois depuis dix ans, en accord entre l’Union européenne et Israël, le conseil d’association UE-Israël se réunit depuis lundi 3 octobre à Bruxelles. «Après une longue pause de 10 ans, nous redonnons vie à cette plateforme » s’est félicité le chef de la diplomatie de l’UE, Joseph Borrell. Il est à noter que cette réunion se tient alors que l’Union européenne, premier partenaire commercial, a signé un accord de fourniture de gaz par Israël, en remplacement des contrats rompus avec la Russie parce que Moscou viole le droit international et la souveraineté de l’Ukraine.

Cette reprise du dialogue stratégique entre Israël et l’UE  « est un important succès diplomatique qui reflète l’amélioration des relations d’Israël avec l’UE tout au long de l’année écoulée » affirme le bureau de presse du Premier ministre israélien Yair Lapid. Une ambiance chaleureuse qu’avait déjà saluée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen affirmant dans son discours à l’Université israélienne Ben Gurion, en juin dernier : « Notre culture et nos valeurs communes ont créé un lien profond entre l’Europe et Israël. Le lien le plus fort que nous partageons est notre croyance dans la démocratie et les valeurs démocratiques ».

Joseph Borell croit pouvoir voir un signe positif dans la réaffirmation par le Premier ministre israélien, devant l’assemblée générale de l’ONU, de sa préférence pour une « solution à deux États » du conflit israélo-palestinien tout en qualifiant de « terrorisme » la résistance légitime palestinienne contre l’occupation. Notons qu’en 2009 déjà Netanyahou avait affirmé la même «préférence». En réalité, pour Lapid qui exige que le prétendu État palestinien qu’il souhaite soit « pacifique », il s’agit de la remise en l’état d’une couverture diplomatique « acceptable » internationalement, de la stratégie immuable d’annexion rampante de la Cisjordanie, de la consolidation de celle de Jérusalem-Est et de la pérennisation de la prison à ciel ouvert de Gaza réserve de main d’œuvre. Il s’agit, de fait, d’une remise « sur le marché » du projet de Donald Trump, le « deal du siècle » selon lequel les colonies juives et les terres palestiniennes spoliées feraient « légalement » partie intégrante de l’État d’Israël, tandis que six ou sept bantoustans palestiniens, sans continuité territoriale, constitueraient un « État » palestinien sans souveraineté.

Il n’est aujourd’hui plus remarquable cynisme de la part de l’UE que ce renouvellement du dialogue stratégique avec un régime annexionniste, alors que dans le même temps plus d’un millier de Palestinien-e-s viennent d’être chassé-e-s de leur terre à Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie occupée, alors que depuis le début de l’année, l’armée israélienne a déjà tué plus de 150 Palestinie·ne·s. Les troupes d’occupation perpètrent des raids quotidiens dans les camps de réfugiés, à Jenine et à Naplouse. La « protection sécuritaire militaire » vient d’être accordée aux « avant postes illégaux » de colonisation, véritables métastases de la spoliation des terres palestiniennes. Dans le même temps, plus de 700 Palestinien-e-s sont emprisonné-e-s illégalement au titre du régime de « détention administrative ». Trente d’entre eux, dont notre compatriote Salah Hamouri, sont en grève de la faim depuis le 25 septembre. Ces exactions ont conduit, entre autres, au meurtre de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh en mai de cette année tandis que les six plus importantes ONG palestiniennes ont été interdites et qualifiées de terroristes.

Le Parti communiste français, à l’instar de dizaines d’organisations de solidarité, d’élus français et européens et de centaines de personnalités dénonçant la politique d’occupation, d’annexion d’apartheid du gouvernement israélien, exige que l’Union européenne suspende les accords d’association avec l’État d’Israël, les conditionnant au respect des droits humains et démocratiques.

Il est urgent que l’Union européenne se prononce – et agisse concrètement – pour que soit mis fin à l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de l’enfermement de Gaza et que les pays membres de l’Union – en premier lieu la France – reconnaissent sans attendre l’État de Palestine.

Parti communiste français
Paris, le 5 octobre 2022