L’envie de liberté plus forte que la répression

Les mouvements et les mobilisations sociales dans le monde ne hiérarchisent pas les raisons de la colère populaire ni les luttes: liberté et démocratie dans plusieurs pays, tout autant que conditions de travail et niveaux de vie.

Paulo Coelho, romancier et journaliste brésilien, a formulé un jour les choses ainsi : «La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir.» Une vérité qui semble raisonner aux oreilles et dans les têtes du peuple iranien.

Depuis le 13 septembre, date du meurtre de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police iranienne des mœurs, le slogan «Femme ! Vie ! Liberté !» surgit dans toutes les manifestations malgré la brutale répression déployée par le régime des mollahs. Des rapports d’ONG dénoncent un bilan humain effroyable: plus de 400 personnes tuées et des milliers d’arrestations depuis le début de la contestation.

Ni la répression ni le contrôle des réseaux sociaux ne paraissent en mesure de stopper la volonté d’en découdre pour sa liberté, exprimée par le peuple d'Iran, ni capables d'entamer son espoir d’émancipation.

Les mobilisations se généralisent dans le pays et, partout, les mots d’ordre sont identiques: égalité des droits pour les femmes, plus de justice pour tous, la fin des violences policières, de la corruption, des injustices. L’autocratie religieuse est contestée, et la liberté exigée.

«Femme ! Vie ! Liberté !» est désormais un slogan mondial, de solidarité avec le mouvement iranien, mais il reste le mot d'ordre de tout un peuple dont les femmes ont pris la tête dans sa lutte pour l'émancipation, et une alternative politique en Iran.

Personne ne peut prédire le moment ni même l’évènement qui unira dans la révolte un peuple entier: le prix d’un ticket de métro au Chili, le besoin de paix en Colombie, le droit à l’avortement en Argentine, les droits des femmes en Afghanistan, la lutte contre les politiques d’apartheid en Israël et contre la colonisation en Palestine, la lutte contre la déforestation au Brésil… Partout les mêmes exigences s'expriment: celle de liberté et la primauté du droit à une vie digne et décente. Certains l'expriment par des manifestations de rue, d’autres par l’engagement politique, quelquefois les deux ensemble, d’autres aussi dans la création culturelle, d’autres encore par la migration pour pouvoir faire vivre leur famille. Les moyens sont multiples mais la volonté souvent commune: la justice, la dignité, l’espoir de vivre mieux. Les réseaux sociaux et Internet ont sans doute permis la mondialisation de cette volonté de vivre libre et dans des conditions décentes.

Est-ce que la politique, est-ce que les partis progressistes sauront répondre à cette aspiration ? La question est ouverte et reste un défi de société, celui de notre temps: pour un monde de paix, plus juste et plus humain.


Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international
chargée des questions migratoires et de l’Amérique latine