La France doit cesser ses ventes d'armes à la coalition engagée dans la guerre au Yémen

visuel_armes-france-yemen.jpg

Depuis quelques mois, des mesures spectaculaires de limitation ou de cessation de ventes d’armes à la coalition des pays du Golfe engagés dans la guerre au Yémen se multiplient. De portée réduite voire temporaire, elles n’en constituent pas moins un signe et une étape nécessaire vers la paix. Ainsi les États-Unis viennent de suspendre pour un temps les exportations de chasseurs F-35 et leurs munitions à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. L’Italie a révoqué les autorisations de cession de missiles et de bombes pour ces deux pays, soit 12700 unités. La Belgique, pour sa part, a annoncé que ces destinations n’étaient pas fiables annulant 17 licences d’exportation.

Ces initiatives laissent de marbre Paris qui demeure l’un des principaux pourvoyeurs d’armes des monarchies du Golfe et de l’Égypte. Cette posture est totalement assumée par E. Macron qui affirme que ces armes ne servent pas à tuer des civils au Yémen et que ces pays sont des alliés dans la lutte contre le terrorisme. Or l’usage d’armes françaises dans les atrocités et les crimes de guerre commis contre les populations civiles yéménites est largement documenté (canons Caesar ou chars Leclerc). Les autorités accordent des licences d’exportation à des entreprises comme Dassault Aviation, MBDA France ou Thalès qui sont directement impliquées dans ces massacres. Ainsi, la France viole ses engagements internationaux et s’expose à des sanctions au titre du traité sur le commerce des armes qu’elle a ratifié. Quant à la lutte contre le terrorisme dont on peut sans crainte douter que Riyad et Abou Dhabi en soient des fers de lance, elle ne justifie pas d’être les complices de dictateurs engagés dans des conflits brutaux qui nourrissent les humiliations, les ressentiments et parfois l’obscurantisme.

Cet aveuglement de la France contredit toutes les proclamations visant à défendre le droit international et sape sa crédibilité, déjà largement entamée, auprès des peuples de la région. Paris doit lever l’opacité qui prévaut sur le commerce des armes et cesser immédiatement ses livraisons à ces pays.

Cette course aux armements alimente des conflits sans fin, embrase une région déjà à feu et à sang et accentue la souffrance des populations. Il serait temps que la France, troisième vendeur d’armes au monde derrière les États-Unis et la Russie, prenne des initiatives significatives en termes de désarmement confortant ainsi les premières mesures restrictives déjà adoptées par quelques pays.

Le Parti communiste français (PCF) appelle à la mobilisation aux côtés de nombreuses ONG et organisations des droits humains afin de faire prévaloir la paix.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient