Le courage de la paix doit vaincre la lâcheté des armes

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C'est dans les pages de l'Humanité de ce 11 mars que Tania, étudiante ukrainienne de 20 ans – croisée par le grand reporter Pierre Barbancey dans un tunnel du métro de Kiev où, avec des centaines de personnes, elle a tenté de trouver un abri –, résume ainsi ce qui la tient encore debout : « Pour l’instant, mon seul rêve c’est la fin de la guerre et que la paix revienne enfin. »

Ses sœurs russes de Moscou à Mourmansk, d'Oulan-Oudé à Rostoff-sur-le-Don, animatrices du Manifeste des féministes de Russie, joignent leur voix, puissante, à celle de Tania : « Ensemble, écrivent-elles, nous pouvons faire beaucoup. Nous sommes l’opposition à la guerre, au patriarcat, à l’autoritarisme et au militarisme. Nous sommes l’avenir qui prévaudra. »

A Tania et à tous les siens, à son peuple – de Kiev au Donbass –, aux féministes, pacifistes, démocrates, au peuple russe trahi dans son attachement viscéral à la paix (n'a-t-il pas en 1917, cet attachement, accouché de la révolution d'Octobre ?), peuple toujours plus réprimé par Poutine, ce valet des capitalistes russes (pudiquement nommés « oligarques » dans les média occidentaux qui, habituellement, ne s'embarrassent guère des préoccupations linguistiques que soulève une traduction), à toutes et à tous, nous devons solidarité et entraide. A toutes et à tous, nous devons un engagement sans compter dans la construction d'un mouvement large, profond jusqu'à en devenir insurmontable, pour la paix en France, en Europe et à l'échelle internationale.

La paix maintenant, tout de suite, en Ukraine. La paix demain en Europe et partout ! pour tous les peuples du monde.

La paix ! et non le simple constat d' « absence de guerre » mais bien cet « état d'esprit », comme le définissait Spinoza, qui permet de traiter les conflits par le dialogue, la construction commune, la recherche de l'intérêt collectif au bénéfice de chacun et de tous.

La guerre est un business très sérieux, très lucratif. Même télévisée, c'est-à-dire vue de loin et non vécue dans sa chair, elle n'est pas un jeu vidéo. Une fois abattu, nul ne se relève pour reprendre la partie. Des dizaines de vies humaines détruites ne se remplacent jamais ; et celles et ceux qui survivent, avec chance, avec courage, portent en elles et eux, jusqu'à la fin de leurs jours, les douleurs et violences infligées.

La guerre est toujours décidée par ceux qui ne la font pas, par ceux qui ne vont jamais au front de gré ou de force, par ceux qui n'ont jamais à se demander « pourquoi tout ça ? », par ceux qui ne voient jamais à leurs côtés tomber – le ventre ouvert ou la tête éclatée – celle ou celui avec qui ils venaient de partager une cigarette ou un verre. Elle est imposée par ceux qui n'ont jamais à quitter leur ville du jour au lendemain rongés par la culpabilité de partir quand d'autres restent. La guerre est toujours encouragée par ceux qui affichent, avec cynisme, des ambitions de nouvelles parts de marché ou de conquêtes territoriales.

La guerre de nos jours ne se gagne pas : il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en convaincre. En réalité, le courage est du côté de celles et ceux qui la refusent tout net et agissent pour que le dialogue, la politique l'emportent sur les bombardements, les massacres, les destructions, les vols et les viols.

La guerre en Ukraine, sous la plume de certains éditorialistes, aurait « bousculé » la campagne présidentielle, perturbé les « agendas électoraux », les plans comm' et marketing mûrement pensés.

Elle « s'invite dans la présidentielle » et vous lui offririez une place d'honneur au banquet ? Non, mille fois non. Ayons, pour une fois ! le courage de la paix pour vaincre la lâcheté des armes.

Lydia Samarbakhsh
membre du CEN
responsable du secteur International