Macron veut des "relations apaisées" avec le criminel Erdogan

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Un terrible assassinat politique en Turquie vient de ravir la vie d’une jeune militante du Parti Démocratique des Peuples (HDP) à Izmir. Hystérisés par les violentes campagnes de haine orchestrées par les islamo-conservateurs de l’AKP et l’extrême droite (MHP), trois militaires de l’armée turque ont pénétré dans les locaux du HDP dans lesquels devaient se tenir une importante réunion des cadres de l’organisation. Ils avaient ordre d’y commettre un carnage. Alors que cette conférence avait été annulée à la dernière minute, l’un des assaillants a tenté d’incendier les locaux et a exécuté de sang-froid Deniz Poyraz.

Ces méthodes ne sont pas sans rappeler le triple crime commis à Paris contre trois militantes kurdes. Ces massacres, planifiés au plus haut sommet de l’Etat, témoignent de la terreur instaurée par R.T. Erdogan afin d’écraser toutes les formes d’opposition.

L’itinéraire du meurtrier n’est pas sans intérêt. Onur Gencer, membre du mouvement fasciste des Loups Gris, a combattu aux côtés des djihadistes patentés par Ankara en Syrie et a déclaré participer à la lutte contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ceux-là mêmes qui ont été en première ligne contre Daesh et qui ont sauvé la vie de milliers de Yézidis.
Ce lâche assassinat s’inscrit dans le cadre d’une fureur répressive contre le HDP, qui s’est accélérée depuis 2015. Des parlementaires dont Selahattin Demirtas sont incarcérés, des maires ont été révoqués tandis que des milliers de militants croupissent en prison. Une procédure de levée de l’immunité parlementaire est en cours tandis que le HDP est en voie d’interdiction.

Le régime de R.T. Erdogan est dans une fuite en avant répressive hallucinante et multiplie les zones de conflit. Depuis plus de 50 jours, R.T. Erdogan a lancé une campagne de bombardements dans le nord de l’Irak et poursuit ses exactions dans le nord de la Syrie. Il s’est fixé un double objectif : anéantir les Kurdes et pulvériser les frontières issues du traité de Lausanne (1923) afin d’annexer des territoires entiers dans ces deux pays. Cet expansionnisme se concrétise également par des opérations dans le Haut Karabakh, en Libye mais aussi en Méditerranée orientale et à Chypre.
Alors que les opinions publiques mondiales s’inquiètent de l’arrogance et de la violence de R.T. Erdogan, les dirigeants occidentaux n’ont qu’une seule préoccupation : réintégrer la Turquie au sein de l’OTAN quel qu’en soit le prix à payer. Ils ferment ainsi les yeux sur l’agressivité expansionniste, le massacre des Kurdes et des Arméniens et la liquidation de tous les droits humains en Turquie. Jadis encensés pour leur sacrifice contre l’Etat Islamique, ils sont désormais immolés sur l’autel de tractations cyniques.

Rien n’a filtré des discussions que le tyran d’Ankara a eues avec E. Macron ou J. Biden mais la volonté de renouer avec Ankara des « relations apaisées » tonne comme une capitulation et un affront faits aux Kurdes.

A n’en pas douter, la France et les pays européens sortent affaiblis sur le plan moral et politique après ces abdications successives. La Turquie de R.T. Erdogan est une menace pour la liberté et la paix au Moyen-Orient mais aussi en Europe.

Chaque concession se paie par des surenchères que le surarmement de la Turquie amplifie.

Une telle politique, conduite par le ministre des Affaires Etrangères J.-Y. Le Drian, qui ne manque jamais une occasion de travailler au rapprochement avec la Turquie tout en pourchassant les militants kurdes sur notre territoire, inquiète de larges franges de la population. Le silence médiatique qui entoure les exactions turques nous informe sur les connivences honteuses qui se bâtissent notamment contre le PKK. Il est de plus en plus évident que le danger ne vient pas du PKK mais de la Turquie. Pour ces raisons, le PKK doit être sorti de la liste des organisations terroristes car il n’a rien à y faire et qu’il est un interlocuteur dans un processus de sortie de crise.

Partout les mobilisations doivent grandir contre le régime de R.T. Erdogan et les lâches manœuvres des puissances occidentales. Les communistes, aux côtés de toutes les forces démocratiques, en font une priorité.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient