Palestine/Naplouse : des jeunes Palestiniens affrontent l’armée israélienne et ses colons

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Depuis le début de l’année plus de 120 Palestiniens, y compris des enfants ont été assassinés par les troupes d’occupation israéliennes en Cisjordanie, et au moins cinquante à Gaza. Plus de 2000 personnes ont été arrêtées. Pas un jour ne passe sans nouvelles victimes d’une soldatesque israélienne de plus en plus féroce sur ordres du gouvernement. Dans le même temps des bandes de jeunes colons – protégées par l’armée – s’attaquent quotidiennement à des villageois, y compris en détruisant leurs plantations d’oliviers. La récolte des olives est lourdement obérée par ces exactions.

Depuis le 12 octobre dernier la ville de Naplouse est bouclée par l’armée et les ratissages, les « assassinats ciblés » sont désormais quotidiens, comme ils le sont dans le reste de la Cisjordanie.

C’est dans ce contexte d’autant plus insupportable pour les Palestiniens que l’impunité du pouvoir israélien dans sa stratégie de bantoustanisation de la Cisjordanie et d’assujettissement de l’Autorité palestinienne à cette fin ne fait que croître, qu’est née à Naplouse, il y a quelques mois, une nouvelle résistance armée de jeunes Palestiniens. Elle s’est fait connaître sous le nom d’« Areen al-Oussoud » (que l’on peut traduire par « Fosse aux lions » ou encore « Repère des lions »). Comme l’a souligné le quotidien libanais l’Orient le Jour, ce mouvement « est devenu le symbole d’une jeunesse se réclamant de la résistance, détachée des habituelles allégeances partisanes ».

Le quotidien israélien « Haaretz » explique de son côté que l’objectif déclaré de « Fosse aux lions » (Fal) est de « s’affronter aux soldats israéliens quand ceux-ci pénètrent dans la ville (...). » Ce sont « des jeunes gens laïcs âgés de 18 à 24 ans qui ne vont pas à la mosquée et ne sont pas influencés par des personnalités religieuses ». Ce n’est pas une milice organisée militairement : « Il n’y a pas de centre opérationnel au sens militaire du terme, ni de plans formels, ni de cibles prédéfinies », il n’y a pas de direction centralisée. Les militants de Fal disent avoir pour seul objectif la défense active de la population contre l’armée d’occupation et les colons. Leur mouvement, de ce fait, a acquis une large popularité.

Pour Tel Aviv, ceci est particulièrement insupportable et, dans le même temps, une occasion nouvelle pour chercher à contraindre l’Autorité palestinienne (AP) à participer, ou du moins, laisser faire la chasse aux nouveaux résistants, qui « ne sont pas sous son contrôle ». L’AP a fait savoir, au lendemain d’une nouvelle opération militaire israélienne lundi faisant cinq morts et des dizaines de blessés dont des enfants dans la vieille ville de Naplouse, que le président Abbas a pris « des contacts urgents afin de mettre fin à cette agression contre notre peuple ».

Comme à l’habitude, dans une sorte de ritournelle, les autorités françaises, allemandes, italiennes et espagnoles ont affirmé mercredi soir être « vivement préoccupées par les tensions dans les Territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est », ajoutant, « (…) Nous sommes également très préoccupés par la montée des violences, y compris de la part des Israéliens  (…). Dans ce contexte, il est désormais crucial d’éviter toute nouvelle escalade. Nous exhortons toutes les parties à s’abstenir de toute provocation ou de toute action unilatérale, à réduire activement les tensions et à rétablir le calme ».

Comment peut-on oser parler de « rétablir le calme » tout en accordant, une fois de plus, à Israël « le droit de se défendre contre des agressions armées et de demander des comptes à leurs auteurs » ?

Faut-il rappeler que le droit à la résistance, y compris armée, est reconnu à tout peuple sous occupation, par les conventions de Genève que la France et ses trois voisins ont ratifiées ?

Mardi prochain, les électeurs israéliens éliront leur nouvelle Knesset. Les partis fascistes et racistes ont le vent en poupe, encouragés en cela par Benjamin Netanyahu – inculpé de corruption mais candidat – et par la surenchère colonialiste du gouvernement sortant Lapid qui prétend incarner l’« opposition ». Cité par France-Info ce vendredi matin un habitant de Naplouse n’a pu que constater : « Les bulletins de vote israéliens sont imprégnés du sang des Palestiniens ».

Comme viennent de le déclarer courageusement cinq anciens ministres des Affaires étrangères de pays européens, dont Hubert Védrine, « il est grand temps que les alliés d’Israël, y compris l’UE et ses États membres, réaffirment leur engagement en faveur de deux États en demandant à Israël de rendre des comptes pour ses violations continues des droits humains et des libertés des Palestiniens. » 

Le PCF, pour sa part, réaffirme son exigence que soit mis fin à l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie y compris de Jérusalem-Est ainsi qu’à l’enfermement des habitants de Gaza dans leur prison à ciel ouvert. En l’absence d’actions dans ce sens par les autorités israéliennes, les accords Israël-Union européenne doivent être suspendus et toute coopération militaire présente ou projetée prohibée.

Pour ce faire, Paris doit, de toute urgence, reconnaître l’État de Palestine, conforment à la résolution de l'Assemblée nationale et du Sénat.

Michel Muller
membre du collectif Palestine et
de la commission des relations internationales du PCF