Sécuriser l'humanité pour sécuriser la paix

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« Le monde vacille de crise en crise, piégé dans un cycle de lutte contre les incendies et incapable de s’attaquer à l’origine des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Sans un changement radical de cap, nous risquons d’avoir à supporter encore davantage de privations et d’injustices ».

L'alerte est claire. Elle émane du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Au début du mois, l'agence onusienne a publié son rapport annuel sur le développement humain, qui présente l'évolution de l'IDH (indice de développement humain), indicateur qui combine les données d'espérance de vie à la naissance, de PIB par habitant et de niveau d'éducation des différents pays du monde.

Pour la première fois depuis la création de l'IDH en 1990, celui-ci a diminué au plan mondial deux années consécutives : 90 % des pays ont vu leur IDH reculer en 2021 et/ou en 2022. Un recul qui efface les gains conquis depuis 2016.

La pandémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine comptent parmi les principaux facteurs de ce recul inédit, avec leur impact sur la santé publique et le ralentissement de l'économie mondiale.

Toutefois, le rapport pointe des causes préexistantes à ces deux événements, en particulier l'aggravation des insécurités humaines, qui fragilisent les existences et poussent au repli sur soi et à l'affrontement de tous contre tous, entre individus et entre nations. Les profondes différences entre pays, et au sein de ceux-ci, dans le niveau et le rythme de la reprise économique, renforcent les inégalités mondiales, alimentant tensions, ressentiments et insécurités globales.

L'heure est donc à l'action. Face aux politiques de destruction des droits sociaux et des services publics, promues depuis des décennies par les bourgeoisies nationales et au plan mondial par des organisations telles que le FMI ; face à la course aux armements et au mépris du droit international ; face à l'irresponsabilité climatique et environnementale.

Car ce « monde qui vacille » pointé par le PNUD, c'est le capitalisme mondialisé, sa nature prédatrice des travailleurs, des peuples et de l'environnement. Et le « changement radical de cap » indispensable, c'est bien de mettre l'humain au centre des préoccupations, en sécurisant les parcours de vie, en activant de nouvelles solidarités internationalistes, en donnant toute sa place à la diplomatie et au multilatéralisme pour garantir la paix : c'est la visée communiste.

Les obstacles sont nombreux et, comme le signale le PNUD, « le véritable paradoxe de notre époque est peut-être notre incapacité à agir, malgré les preuves de plus en plus nombreuses de la détresse que les pressions humaines sur la planète font subir aux systèmes écologiques et sociaux ». Un paradoxe qui doit être un appel à l'action de tous les progressistes pour renforcer la mobilisation populaire.

À quelques jours de la Journée internationale de la paix du 21 septembre et des rassemblements qui auront lieu dans toute la France, relisons les paroles de Jean Jaurès, publiées dans l'Humanité le 9 juillet 1905 :

« Dans cette indécision des choses et cet équilibre instable des forces, l'action humaine peut beaucoup. La formidable part d'inconnu n'est pas redoutable seulement pour nous, socialistes. Elle l'est aussi pour ceux qui déchaîneraient témérairement des guerres dont nul aujourd'hui ne peut prévoir les conséquences politiques et sociales et les contre-coups intérieurs.
Donc, nous pouvons agir dès aujourd'hui, à quelque degré, sur la marche des événements, et comme nul ne peut déterminer d'avance le degré d'efficacité de notre action, nous devons donner tout notre effort comme si elle était en effet assurée du succès. »

Cyril Benoit
membre de la Commission des relations internationales du PCF