Congrès du Parti communiste de l'Inde : vers un large front démocratique et patriotique pour combattre l'ultra-nationalisme

Une délégation du PCF1 a assisté au congrès du Parti communiste de l’Inde du 14 au 18 octobre 2022 à Vijayawada (Andhra Pradesh).

Sa tenue, retardée en raison de l’épidémie de Covid, a permis aux 800 délégués venus de tout le pays de discuter de la situation nationale et internationale.

La politique nationaliste et ultra-réactionnaire du Premier ministre Narendra Modi a concentré une partie des débats. Les délégués ont dénoncé la gestion catastrophique des différentes vagues de Covid. La politique néolibérale qui a conduit à une privatisation du système de santé, à des inégalités dans l’accès aux soins et à la vaccination s’est traduite par un véritable désastre humain avec plus de 500 000 décès. Les infrastructures de santé ont littéralement explosé frappant d’abord les plus pauvres. Les décisions prises par Narendra Modi ont conduit à un effondrement économique, à une mise à l’arrêt de la politique éducative et à une accentuation de la pauvreté.

La politique du Premier ministre est l’une des plus anti-sociale qu’ait connu l’Inde. Les privatisations massives, la destruction des services publics ont eu pour conséquences une accentuation des inégalités permettant l’accroissement des fortunes des 1% des plus riches grâce à l’augmentation des profits. Cela a été rendu possible par les attaques contre la législation du travail et les lois anti-paysannes. Les luttes des agriculteurs ont d’ailleurs contraint le pouvoir de reculer partiellement.

Les congressistes ont évoqué les conséquences dramatiques de ce capitalisme sauvage destructeur de l’environnement.

La politique de Narendra Modi suscite un fort mécontentement dans la population. Pour y faire face, le Premier ministre porte de lourdes attaques contre la démocratie et les droits humains. Il attise partout le nationalisme en renforçant les violences et les discriminations contre toutes les minorités notamment musulmanes et chrétiennes.

Il s’en prend désormais aux institutions parlementaires en attaquant le fédéralisme, la citoyenneté et en accentuant son contrôle sur la justice qui réprime les militants progressistes et des droits humains. Dans la perspective des prochaines élections, la corruption et les manipulations se multiplient afin de museler les oppositions. Des milliers de journalistes, démocrates, dirigeants politiques ont été espionnés par le système de surveillance israélien Pégasus.

Ce conservatisme renforce aussi les discriminations contre les femmes et conforte le système des castes que les délégués ont dénoncé.

Tout cela contribue à polariser la vie politique dans un climat tensions accrues.

La situation internationale a également été au cœur des réflexions alors que le capitalisme accroît les ravages à l’échelle planétaire, notamment dans le sous-continent indien, tandis que les États-Unis multiplient les provocations dans la zone Indo-Pacifique afin d’endiguer l’influence croissante de la Chine. Le Parti communiste de l’Inde a condamné l’alliance agressive de l’AUKUS (alliance de l'Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni).

Tous ont insisté pour régler pacifiquement les tensions régionales, notamment frontalières, avec la Chine, le Pakistan, le Bangladesh mais aussi en mer de Chine et avec Taïwan. Le sort terrible des Rohingyas, victimes d’une répression terrible, a été évoqué.

La guerre conduite par les États-Unis en Afghanistan voisin n’a pas été sans conséquence notamment sur l’activité des organisations terroristes djihadistes. Pour autant ce pays ne doit pas être isolé même si le pouvoir des Taliban suscite des inquiétudes.

Le conflit russo-ukrainien, dont les conséquences économiques se font lourdement sentir, a également été un sujet de débat. Le Parti communiste de l’Inde a insisté sur la responsabilité de l’OTAN mais a tenu à affirmer la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et de mettre sur pied une conférence de paix pour écarter notamment tout désastre nucléaire.

Le congrès, attentif à toutes les évolutions mondiales à rappeler le soutien au peuple palestinien et à Cuba et à noter la « dynamique nouvelle de l’union des forces de gauche en France ».

Sur le plan international, la politique de Narendra Modi a été également critiquée en raison de sa collusion avec la politique impérialiste des États-Unis et de sa complicité avec la politique criminelle et d’apartheid d’Israël.
Enfin, dans la perspective des prochaines élections, le PCI travaille à la construction d’un large front démocratique et patriotique.

La délégation du PCF a salué le congrès au nom de son secrétaire national Fabien Roussel et de tous les communistes de France et a exprimé son soutien aux combats que mènent les communistes au côté du peuple indien2.

Méline Le Gourriérec et Pascal Torre
membres du secteur international du PCF

1 La délégation était composée de Méline Le Gourriérec chargée du sous-continent indien et de Pascal Torre chargé du Maghreb et du Moyen-Orient.

2 Message de salutations du PCF au congrès du PC de l'Inde