27 morts dans la Manche : la politique de l'Europe est criminelle

27 migrants, sans doute en majorité Kurdes,  sont morts le 24 novembre en tentant de traverser la Manche. Deux autres sont dans un état grave. En France comme en Grande-Bretagne, les gouvernants feignent de s'émouvoir. Quelle hypocrisie! 
 
La semaine dernière, dans un entretien à l'AFP, le préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, Philippe Durieux, annonçait que les traversées en petites embarcations avaient doublé ces trois derniers mois. Entre le 1er janvier et le 31 août, 15. 400 migrants l'ont tenté (dont 3 500 récupérés «en situation difficile»), contre 9.500 en 2020. Depuis le verrouillage du port de Calais et de l'eurotunnel en 2018, ces voyages dantesques se multiplient.
 
A Calais et sur 120 kilomètres de côte, le gouvernement français, de concert avec les autorités britanniques, a pour seule politique de réprimer les migrants. Voici quinze jours, la police ravageait même le camp de Grande-Synthe, lacérant les tentes, jetant les sacs de couchage dans des bennes, confisquant tous les effets personnels, réduisant un peu plus au désespoir des hommes, des femmes, des enfants, poussés à tout risquer, même leurs vies, pour partir.
 
Le ministre de l'Intérieur rejette la faute sur les passeurs. Ceux-ci doivent évidemment être poursuivis et condamnés sévèrement. Mais là où l'on met des barbelés et où l'on se refuse à traiter avec dignité des êtres humains n'ayant pour seul tort que de fuir la misère et les guerres, on encourage les filières mafieuses. 
 
L'Union européenne se barricade, elle construit des murs, mais elle reste indifférente au sort d'une immense partie de la planète, ravagée par le pillage des multinationales, soumise à des dictatures féroces, rendue invivable par la dérèglement climatique. Ce cynisme est criminel.
 
Les dirigeants du Royaume Uni vont maintenant jusqu'à menacer de prison celles et ceux qui auront réussi à débarquer sur son sol. Un projet de loi déposé en octobre et à l'examen, prévoit de les renvoyer vers les côtes françaises, au mépris du droit de la mer. Pour Boris Johnson, tout est bon pour faire croire qu'il tiendra sa promesse du «Take Back Control». 
 
De chaque côté de la Manche, des associations comme le Secours catholique œuvrent pour aider les migrants. Elles sauvent notre honneur et l'honneur de toute l'Europe. Le drame des migrants ravive la mémoire collective des exodes qui ont marqué l'histoire tragique de notre continent au XX° siècle.
 
La solution à cette tragédie humaine n'est certainement pas de mieux organiser la traque des migrants. Le gouvernement français doit cesser de faire croire aux Français que ces derniers vont retourner dans des pays en proie au chaos, comme l'Érythrée, l'Éthiopie, le Soudan, la Syrie ou l'Afghanistan. 
 
L'urgence est plutôt de dénoncer les accords du Touquet, qui imposent à la France d'assumer un rôle indigne des valeurs de sa République, et d'agir auprès des autres gouvernements européens afin que se mettent en place au plus vite des voies sécurisées permettant de sauver des vies aujourd'hui menacées.
 
Au-delà, l'Union européenne a le devoir de renoncer aux mesures qui enfoncent des milliers d'êtres humains dans la précarité et la clandestinité. L'heure est à la mutualisation de ses dispositifs d'accueil et d'intégration. 
 
Le président de la République propose de convoquer en urgence une réunion des pays concernés par le défi migratoire. Si elle voit le jour, une telle rencontre doit permettre de définir enfin une politique d'humanité, et d'ouvrir le chemin à une aide solidaire au développement des pays dont les ressortissants sont conduits à l'exil pour échapper à leurs souffrances.
 
Pour sa part, le PCF participera à toutes les mobilisations organisées en ce sens à Calais et dans tout le pays.