À Lille, les communistes demandent un plan d'urgence pour le pouvoir d'achat

Comme ils l'ont fait précédemment au Havre, à Cherbourg, à Nevers et à Clermont-Ferrand, les communistes ont organisé un rassemblement à Lille, devant la préfecture ce lundi 25 octobre, pour protester contre la vie chère et demander à l’État de prendre des mesures fortes.

Élus départementaux du Nord et du Pas-de-Calais, sénateurs et députés des deux départements, maires venus des quatre coins de la région, responsable de sections et militants communistes, sympathisants, etc., ils étaient nombreux à répondre à l'appel du candidat à l'élection présidentielle Fabien Roussel. Ce dernier a expliqué vouloir porter ainsi « la parole populaire qui nous remonte tous les jours ».

La baisse du pouvoir d'achat des Français est confrontée à la hausse des tarifs de l'électricité, du gaz, de l'essence, mais aussi des légumes et de tous les produits de première nécessité. Cela vaut même pour le papier toilette impacté par la hausse du prix du papier. « Voilà des semaines que nous alertons le gouvernement et que nous demandons des mesures fortes [contre la hausse des prix], une augmentation des salaires et des pensions de retraites », répète Fabien Roussel. Il redit sa proposition d'un Smic à 1 800 euros brut, mais insiste aussi sur une revalorisation de l'ensemble des salaires modestes.

Mais pour les communistes, les mesures que devraient prendre l’État ne s'arrêtent pas là. « Il importe de baisser les taxes sur les produits de première nécessité, insiste-t-il en prenant l'exemple de l'électricité dont le coût pour l'usager pourrait ainsi diminuer de 30 %. » Il cite également la TVA et la TIPP sur les produits pétroliers (61 %) et demande une baisse immédiate de 50 centimes sur le prix des carburants. Il faut aussi que l’État prenne des « mesures alternatives à long terme comme la gratuité des transports ainsi que l'agglomération a su la mettre en œuvre. »

Ce n'est pas en misant sur une aide de 3 000 à 5 000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique d'un coût de 40 000 à 50 000 euros que l'on va aider les classes populaires à rouler propre, rappelle-t-il encore. Face à la préfecture de région devant laquelle les élus communistes ont pris la parole, l'image d'un gigantesque chèque « en bois », portant la signature d'Emmanuel Macron, avait été brandie. Sa valeur : 6 866 300 000 euros (6,8 milliards), soit la somme que doit l’État aux seuls départements du Nord et du Pas-de-Calais pour assurer les transferts de compétences depuis 2010. « À côté de ce chiffre, 100 euros accordés par l’État au ménages modestes, c'est toujours ça de pris, mais le compte n'y est pas ! »

Il n'empêche, à l'arrivée de l'hiver, le coût de la vie pèse de plus en plus lourd. Le maire d'Avion (Pas-de- Calais), Jean-Marc Tellier a pris un arrêté pour interdire les coupures de courant pour des factures impayées. Trois jours plus tard, un jeune couple avec six enfants était privé d'électricité. Le CCAS lui a porté secours et le maire s'est heurté aux plateformes téléphoniques d'Engie. Peu après, le scénario s'est reproduit pour une dette de 50 euros due par un septuagénaire à la société ENI. A Somain, dans le Nord, le maire Julien Quenesson a lui aussi pris un arrêté pour empêcher les coupures et pour geler le prix du gaz et de l'électricité. « J'ai vérifié, assure-t-il. Il y a jurisprudence depuis un jugement du tribunal administratif de Melun, en 2005. Les opérateurs doivent respecter les arrêtés municipaux. » Semble-t-il, selon l'exemple d'Avion, ils n'en ont cure et se dépêchent de couper l'énergie avant le début de la trêve hivernale.

De son côté, la sénatrice Cathy Apourceau-Poly a souligné les conséquences du prix de l'énergie pour les entreprises en général et pour celles, en particulier, qui se redressent. 20 millions d'euros pour le verrier Arc international, à Arques (Pas-de-Calais). Et de manière plus générale encore, les plus riches et les multinationales continuent à bénéficier de cadeaux fiscaux.

Lundi à Lille, les élus qui entouraient Fabien Roussel attendaient d'être reçus par le préfet. Une lettre lui avait été adressée' à cet effet le 13 octobre. En fait de réception, ils n'ont trouvé qu'un barrage policier.

Philippe Allienne