Fabien Roussel présente les 10 propositions du PCF pour France

Discours de Fabien Roussel, samedi 16 mars, Paris

10 propositions pour la France

 

 

 

Cher.e.s ami.e.s, Cher.e.s camarades,

Cela fait des mois que notre pays vit au rythme d’une immense colère. Une colère sans précédent depuis très longtemps.

Qu’ils soient « gilets jaunes », salarié.e.s en lutte pour leurs salaires ou la défense de leurs entreprises menacées, travailleurs de la santé ou agents des services publics, retraité.e.s, personnels de la justice, privé.e.s d’emploi ou précaires, jeunes en formation, ils et elles se battent contre une politique qui n’a cessé de favoriser les plus fortunés, les actionnaires, la finance.

Tandis que M. Macron  et son gouvernement supprimaient l’ISF et instauraient une « Flat Tax » favorable aux grandes sociétés, tandis qu’ils distribuaient des dizaines de milliards sans condition ni contrepartie aux entreprises via leur CICE, ils gelaient le Smic et les salaires, ils baissaient les pensions de nos retraité.e. et ils baissaient les impôts des plus riches. 

Dans le « nouveau monde » macronien, les petits paient gros, et inversement…

Non seulement, le pouvoir a fait subir aux Français ces choix intolérables, mais il s’est montré arrogant envers celles et ceux qui revendiquaient la justice. Il n’a tenu compte d’aucune alerte, il a ignoré les organisations syndicales, il a méprisé les élus locaux, les partis d’oppositions.

 


Mais trop c’est trop ! Parce que l’histoire a fait de la France le pays des droits de l’Homme, celui d’une République attachée à ses valeurs de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, un pays rebelle aux inégalités, c’est par centaines de milliers que des hommes et des femmes se sont soulevés. Avec, jusqu’à aujourd’hui, le soutien d’une majorité absolue de l’opinion.

Devant ce mouvement social multiforme, le « président des riches » a bien dû changer de ton. 
Il a dû faire quelques concessions, en cherchant toutefois à ne pas remettre en cause ses dogmes libéraux. Et il a ouvert un grand débat national, qui n’était pas inscrit dans sa feuille de route.

Oh ! Bien sûr, il va jusqu’au bout tout mettre en œuvre pour ne pas entendre les aspirations légitimes des français à vivre mieux, à être respectés.

Il y a quelques jours encore, le délégué général de la République en marche, Monsieur Guérini, présentant les réponses de son parti aux attentes des Français, a ainsi eu cette idée lumineuse : instaurer une deuxième journée de travail gratuit, prétendument pour financer la dépendance. 

Ils n’ont vraiment rien compris !

Ce que veulent aujourd’hui les Français, dans leur immense majorité, ce n’est pas que tout continue, comme depuis des années. Ils veulent vivre sans être obligés de se priver sans cesse, sans avoir la peur au ventre de ne pas pouvoir finir le mois...

Et c’est parce qu’à leur contact nous connaissions ces aspirations, que nous avons fait le choix de nous engager dans cette grande consultation.

En ne laissant pas étouffer les attentes populaires. En favorisant l’échange citoyen, partout sur le territoire, dans les mairies, dans les quartiers, dans les entreprises, afin que chacune et chacun puisse s’exprimer, faire état de sa situation et de ses revendications, avancer les solutions qui lui paraissent impératives.

Près de 2 millions de doléances ont été exprimés par les français, dans les débats, dans les mairies, sur internet. C’est inédit.

Ils disent que le travail doit payer et que la précarité devant la maladie ou la vieillesse doit reculer. Justice sociale, justice fiscale, service public, démocratie, voilà les exigences de la France d’aujourd’hui !

Ils disent que c’en est assez de l’abandon de nos territoires et que l’heure est venue de politiques publiques ambitieuses au service de l’emploi, de la renaissance industrielle, de la transition écologique.
Ils disent, comme les lycéens et étudiants qui ont rejoint hier hier la grève mondiale pour le climat, comme celles et ceux qui marcheront cet après-midi pour les mêmes objectifs, que la fin du mois ne peut être opposée à la fin du monde.

Ils disent que la justice sociale suppose la justice fiscale.

Ils disent, à l’échelle de leurs quartiers ou de leurs lieux de travail, qu’ils ont des solutions pour que cela change vraiment, qu’il n’est pas de démocratie digne de ce nom sans que le peuple  décide.
Ils disent que l’Europe est malade de l’austérité.

Nous avons entendu cet appel. Fort des cahiers d’espérance que nos avons reçu, des débats que nous avons organisés, nous avons retenu 10 mesures d’urgence à mettre en œuvre pour sortir de la crise et répondre aux aspirations légitimes de nos concitoyens.

Et pour commencer, en tête des revendications: Oui, il est temps d’avoir les moyens de vivre dignement et d’augmenter le Smic de 20%. Et il est urgent de porter les pensions au minimum vital de 1400 euros.

Oui, l’accès à la santé est un droit ; dans un pays aussi riche que le nôtre, les soins doivent être remboursés à 100% et les retraites indexées sur le salaire moyen.

Oui, nos services publics ont été mis à mal par le dogme de la « concurrence libre et non faussée » alors qu’ils sont un investissement sur l’avenir, il faut donc s’atteler à les reconstruire au plus près des citoyens.

Oui, plutôt que des banques finançant la spéculation, les délocalisations ou l’évasion fiscale, nous avons besoin d’une grande banque publique au service d’investissements qui créent des richesses et des emplois.
Et nous avons besoin d’une banque publique, auprès de qui nous déposerons nos salaires, nos pensions et qui sera utile à l’économie, à la planète. Il faut nationaliser une grande banque privée, voilà une idée moderne !

Oui, agir pour la planète demande que l’on réoriente la production et les services vers un développement social et écologique. Donc, déjà, que l’on priorise les transports collectifs publics, en allant vers la gratuité pour les transports locaux, et que l’on double la part du fret ferroviaire plutôt que d’encourager comme aujourd’hui le tout-route.

Oui, un grand plan de rénovation énergétique d’un million de logements et des bâtiments publics serait une avancée contre le dérèglement climatique ; et ce serait aussi un levier pour l’emploi et la relance de l’économie.

Pour une fiscalité plus juste, il faut supprimer la TVA sur les produits de première nécessité et rendre l’impôt plus progressif, en le calculant désormais sur 9 tranches, au lieu des cinq actuelles.

Pour le bien commun, il faut prendre l’argent où il est, en rétablissant l’ISF, en taxant les dividendes, en supprimant le CICE pour en réorienter le considérable montant vers les PME et les TPE, en s’attaquant à l’évasion fiscale. Ce sont ainsi des dizaines de milliards que l’on peut faire rentrer dans les caisses publiques.

Pour une République pleinement démocratique, il faut s’attaquer à la monarchie présidentielle et donner plus de pouvoir aux représentants du peuple au Parlement. Que l’on permette aux citoyens de proposer des lois sur la politique économique et sociale grâce à l’instauration du référendum d’initiative populaire.

Cher.e.s ami.e.s, cher.e.s camarades,

Vous le voyez, nous n’avons nullement cherché à reprendre tout le programme du Parti communiste français. Nous sommes au contraire partis de la parole de nos concitoyens, telle que nous l’avons entendue, pour en tirer une première synthèse.

C’est notre manière d’aider à la construction du rapport de force qui mettra définitivement en échec le pouvoir des puissants.
C’est notre contribution à la perspective politique qu’appelle le grand mouvement qui s’est levé, et ne doit pas rester sans réponse. Car, nous le savons, si la gauche ne se montre pas à la hauteur d’un défi historique, ce sont les pires aventuriers et démagogues, c’est l’extrême droite, qui tireront les marrons du feu.

C’est à partir de l’idée que nous nous faisons de l’utilité d’un parti politique, que nous avons cherché, avec modestie mais détermination, à ouvrir un chemin vers des solutions progressistes à la grave crise que traverse la France.

Nous voulons à présent faire connaître largement ces dix propositions, les soumettre à la réflexion collective, les partager avec le plus grand nombre.

C’est dans le même esprit, dès la semaine prochaine, que nous allons nous adresser à l’ensemble des formations de gauche, aux forces du mouvement social pour leur dire : voilà ce que nous retirons des débats avec nos concitoyens ; mettons en commun nos réflexions ; confrontons nos réponses ; agissons ensemble... 

Demain, comme le disait si justement Saint Just, le bonheur peut devenir une idée neuve. 

Dans le nouveau moment politique qui s’ouvre, comme dans la campagne où nous sommes engagés en vue des élections européennes, telle est notre feuille de route.


Seul le prononcé fait foi