Pérou : soutien aux mobilisations contre le gouvernement illégitime (PCF)

Le Pérou connaît actuellement un mouvement de forte mobilisation populaire, suite à la destitution par le Parlement du président Martín Vizcarra pour « incapacité morale permanente » et son remplacement par Manuel Merino, jusqu'alors président de la chambre législative.

Dans plusieurs villes du pays, des milliers de personnes sont descendues dans les rues afin de dénoncer un véritable coup de force parlementaire et l'instauration d'un gouvernement illégitime, dont le seul but est de maintenir l'immunité des nombreux parlementaires qui sont actuellement la cible de procédures judiciaires pour corruption.


Car la crise institutionnelle actuelle illustre la faillite et la décomposition du régime politique et économique mis en place à partir de 1992 sous la présidence d'Alberto Fujimori. Un régime reposant sur le néolibéralisme le plus violent, la répression des mouvements de contestation et la corruption généralisée.


Le véritable règlement de comptes auquel s'adonnent en ce moment les différentes factions politiques dominantes est un nouvel épisode de la crise de ce modèle. Le président destitué, Martín Vizcarra, était lui-même arrivé au pouvoir en 2018 suite à la démission contrainte de son prédécesseur Pedro Pablo Kuczynski, mis en cause pour blanchiment d'argent dans le scandale Obebrecht, à la veille d'un vote de destitution au Parlement.


Un jeu de pouvoir d'autant plus intolérable pour le peuple péruvien quand la crise sanitaire et économique fait des ravages dans le pays, et que la réponse gouvernementale s'est distinguée par son inefficacité et son refus délibéré de répondre aux besoins de la population.


C'est pourquoi les manifestants, syndicats, organisations populaires et forces politiques de gauche se mobilisent, non pas pour le rétablissement de Vizcarra, mais pour une rupture avec le système actuel, pointant notamment le besoin de changer de constitution.


Face à cette mobilisation, les autorités ont répondu par la seule répression (tirs de chevrotine et de gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires...), prenant notamment pour cible les journalistes et détenant pendant 17 heures Carlos Rodríguez, membre de la Coordination nationale pour les droits humains. Deux jeunes étudiants, Bryan Pintado Sánchez (22 ans) et Inti Sotelo Camargo (24 ans) ont été tués par des tirs lors des manifestations du 14 novembre, à Lima.


Une violence qui ne peut empêcher une mobilisation grandissante et qui a obtenu une première victoire par la démission de Manuel Merino ce dimanche.


Le Parti communiste français (PCF) apporte tout son soutien aux manifestantes et manifestants mobilisé·e·s pour dénoncer l'instauration d'un gouvernement illégitime et corrompu, et exiger un changement de système dans le sens de la démocratie et des intérêts de la grande majorité du peuple péruvien.

Nous joignons notre voix à celles des organisations et institutions qui appellent à une fin immédiate de la répression et à la garantie du droit fondamental à manifester.


Les autorités françaises et européennes doivent agir en ce sens afin d'empêcher tout report, manipulation ou altération du scrutin présidentiel prévu le 11 avril 2021.