Pour faire vivre la Paix (Fabien Roussel)

30 ans après la chute du mur de Berlin, Paris accueille aujourd’hui la deuxième édition du Forum sur la Paix. Tout ce qui peut contribuer au dialogue, à la coopération, à la baisse des tensions, à la fin des conflits, à la paix, mérite d’être accueilli avec intérêt. 

Ce Forum se tient au lendemain des célébrations du 9 novembre 1989. Le modèle capitaliste, disait-on, l'emportait sur le modèle soviétique et allait s’ouvrir une ère de paix, de liberté, de prospérité.

30 ans après, force est de constater qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.

Les communistes français appelaient de leurs vœux la chute du Mur et ils l’ont notamment exprimé lors des élections européennes de mai 1989 sous le slogan « Une Europe sans mur de fer et sans guerre froide». Mais la déferlante libérale qu’ont subi les allemands de l'Est a provoqué des dégâts dont ils ne se relèvent toujours pas aujourd’hui.

L’Europe des années 1990, malheureusement, a été déchirée par des conflits épouvantablement meurtriers. Personne ne peut oublier les dix années de guerre au lendemain de l’éclatement de la Yougoslavie avec plus de 150 000 morts et des blessures toujours pas cicatrisées.

La dissolution du pacte de Varsovie en juillet 1991 a été suivie par une extension de la domination de l’OTAN  jusqu’aux portes de la Russie, semant le désordre au coeur de l’Europe.  

Actuellement, 60 000 soldats nord-américains sont stationnés en Europe, 35 000 en Allemagne. Ils seront 80 000 en 2020 pour des manoeuvres aux frontières de la Russie.

150 à 200 ogives nucléaires américaines vont être installées en Europe par Donald Trump. Nous devons tout mettre en œuvre pour l’en empêcher.

Trois ans après la chute du mur, les pays de l’Union européenne ont adopté le Traité de Maastricht. Un modèle économique ultra-libéral qui a généré des inégalités sociales considérables et n’a aucunement protégé les peuples de graves crises économiques.

Un mur est certes tombé, il y a 30 ans. D’autres ont poussé depuis. En 1989, on en dénombrait 12. Aujourd’hui, 65 murs ont été construits, cumulant 40 000 km, à l’image de celui que Trump a construit à la frontière du Mexique. Ils sont source de conflits, de guerres latentes.

Le mur construit à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, véritable enfer pour le peuple palestinien, s’étire sur 750 km. Il est le symbole de la honteuse et criminelle politique d’apartheid. Quand, enfin, va-t-on faire respecter les résolutions de l’ONU et contraindre les gouvernants d’Israël à respecter le droit international?

D’autres murs, cette fois économiques, s’attaquent aux peuples et à leur vie quotidienne. Le scandaleux blocus imposé à Cuba depuis 60 ans par les Etats-Unis est un douloureux exemple. Aucune banque française ne peut s’installer dans la Grande Ile alors qu’elles ont pignon sur rue aux Iles Caïman, paradis fiscal apprécié des truands en col blanc. Ce blocus doit être levé.

Enfin, dans plusieurs pays des peuples se lèvent contre des hausses de tarifs, de taxes, contre la corruption, contre toutes formes de domination espérant enfin pouvoir être maitres de leur destin. Il faut les écouter et les entendre.

Le forum sur la paix qui se tient actuellement à Paris prendra-t-il en compte ces réalités ?

Si la Paix est un objectif alors il faut commencer par appeler les 9 puissances nucléaires, dont la France, à signer le traité d’interdiction des armes nucléaires. C est une priorité.

Et si l’OTAN est en état de mort cérébrale, comme le déclarait il y a peu le Président de la République, alors il faut appeler à sa dissolution et construire, sous l’égide de l’ONU et avec l’ensemble des États qui en sont membres, un nouveau cadre de sécurité collective garantissant la souveraineté de chaque peuple et restaurant le multilatéralisme.

Il est urgent de répondre aux aspirations des peuples à vivre dignement. Il est urgent de relever le défi climatique. Les moyens humains et technologiques existent. Les femmes et les hommes n’ont jamais produit autant de richesses. Mais à quel prix ? Au profit de qui ? Il faut aujourd’hui repenser totalement nos modes de productions pour qu’ils répondent aux besoins humains tout en préservant la planète.

Le capitalisme a fait son temps. L’heure est à bâtir un nouveau modèle économique, social, écologique garantissant, enfin, la paix, la liberté et la prospérité.