Appel pour construire une union populaire

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, introduisait la réunion du Conseil national le week-end dernier. Il analysait la situation politique à l’issue des élections européennes, abordait la question d’une alternative crédible à gauche, détaillait les initiatives à prendre. Extraits.

Le rapporteur caractérisait le contexte inédit suite au scrutin des européennes : l’installation du duo LaREM/RN ; la recomposition politique en cours avec une gauche au plus bas ; l’abstention qui demeure massive.

Notre rapport à la société

Si le résultat de la liste communiste est très décevant, cela « n’entame en rien la qualité de son engagement. Les candidats ont été l’incarnation d’une gauche offensive, en quête d’une société plus juste, plus fraternelle et plus humaine. (…) Comme beaucoup de secrétaires fédéraux l’ont exprimé lors de la réunion du 6 juin dernier, si ce résultat a provoqué de la déception le soir-même, nous remarquons qu’il ne suscite pas l’abattement ou de la résignation chez les communistes avec l’idée récurrente de « Nous avons beaucoup semé, mais pas encore récolté ».

Fabien Roussel a pointé la question du rapport des communistes avec le monde du travail. « Nos efforts pour identifier notre liste au monde du travail, aussi justes ont-ils été, ne suffisent pas à surmonter la grande faiblesse de notre influence dans le salariat, alors même que nous affirmons notre ambition de faire du monde du travail la force motrice d’un changement politique et social majoritaire.(...) Il y a là, à mon sens, un besoin immense d’investir avec plus d’audace et d’ambition la bataille idéologique, en partant des exigences telles qu’elles s’expriment. En partant de ce que les ouvriers et les salariés ont dans leur tête, en partant de leur vie, leur vécu, de leurs conditions de travail. (…) Je l’ai dit souvent, nous sommes très forts pour dénoncer le capitalisme, ses mécanismes mais nous le sommes moins pour convaincre ceux qui en subissent les conséquences, pour être entendus et compris d’eux. C’est ce travail décisif qu’il faut accomplir si nous voulons ainsi reconquérir notre influence dans le monde du travail et surtout œuvrer au développement des luttes et aux victoires sociales.(...) Ce résultat doit nous interroger sur notre rapport à la société et la capacité de notre collectif militant à construire un lien durable avec celles et ceux que nous voulons rassembler. C’est pourquoi nous devons faire du renforcement de notre parti un objectif permanent. (...)

Nous avons réalisé depuis janvier près de 1 700 adhésions, pour beaucoup dans le cadre de la campagne électorale. C’est 600 de plus qu’à la même date l’année dernière. Nous pouvons faire beaucoup plus si nous sommes offensifs en la matière. Ce chantier majeur sera l’objet d’une réunion de notre CEN fin juin et d’une réunion du CN pour répondre aux enjeux immenses de renforcement, mais aussi de formation et de politique de cadres. »

L’appel à construire une union populaire

« L’autre urgence, poursuivait l’orateur, est de travailler à une alternative crédible à gauche face à l’offensive ultralibérale de la droite macroniste et au danger du RN. »

Il redisait l’ambition communiste « de rassemblement à gauche, qui offre une alternative crédible au désastre du face à face Macron-Le Pen. Je l’ai dit au soir du 26 mai, le Parti communiste est plus que jamais disponible pour contribuer à ce rassemblement, sans exclusive, dans la diversité des forces concernées, avec la volonté de ne pas reproduire les expériences qui ont inlassablement fini par échouer, parce qu’elles reléguaient les enjeux de contenus et l’intervention populaire privilégiant des accords de sommet. Plus que jamais, comme nous l’avons décidé au Congrès, « nous visons ainsi un rassemblement majoritaire, dont le contenu soit à la hauteur pour transformer réellement l’ordre existant dans la société, les entreprises et les institutions. Il implique de mener le débat en permanence, aussi bien avec les travailleuses et travailleurs, les citoyennes et citoyens, qu’avec les partenaires de constructions unitaires. » Cette construction ne peut donc se résumer à des questions d’alliances, fussent-elles indispensables, celles-ci ne feraient pas le poids dans la situation présente. Elle n’aura de sens et surtout ne pourra déboucher sur des succès que si elle s’appuie sur des luttes aux objectifs clairement transformateurs et surtout sur des victoires sociales et politiques, à partir de campagnes de propositions très concrètes. (…) (Il s’agit de) prolonger et d’amplifier le dialogue avec les forces de gauche bien sûr, mais aussi et surtout avec toutes celles et tous ceux dans le mouvement syndical, associatif, parmi nos concitoyens ou parmi les élu·e·s locaux qui cherchent une issue progressiste à la crise. Notre démarche doit aussi permettre aux composantes du mouvement social de relier leurs luttes à la visée d’une alternative progressiste, sans laquelle elles ne peuvent pas déboucher sur des victoires durables. »

Concernant les municipales, « nous devons relier partout l’objectif de battre la droite et le RN à celui de construire des majorités de gauche et citoyennes en capacité d’élaborer et de mettre en œuvre des projets locaux, qui répondent aux besoins des habitants, en particulier en matière de services publics. » 

Le secrétaire national proposait d’adopter un appel « pour engager, partout et à tous les niveaux, les débats et les rencontres, (appel qui) pourrait être une première étape dans la construction de cette union populaire. Donner de l’espoir c’est aussi réussir à construire des rassemblements très larges, avec nos concitoyens, et avec les forces politiques de gauche, dans l’unité et dans l’action, pour réussir à faire reculer le gouvernement sur ses réformes. » (…)

Le rapporteur détaillait ensuite les initiatives que les communistes entendaient prendre dans la prochaine période : référendum ADP, bataille contre la vie chère, propositions sur l’utilisation de l’argent, retraites, renouer avec le monde du travail, tour de France des entreprises, combats pour les services publics et plus particulièrement l’hôpital public, Éducation nationale, transports. Il concluait sur la Fête de l’Humanité, « un moment politique très important sur tous ces enjeux. »