La gestion des déchets ménagers et assimilés est au centre de la vie des citoyens et de celle des collectivités territoriales. Le service public de gestion des déchets ménagers implique une responsabilisation des ménages qui doivent intégrer le tri des déchets dans leur vie quotidienne. Il a aussi un coût, supporté aujourd’hui par l’usager et par le consommateur. La gestion des déchets est également au centre d’une activité économique, puisque le producteur porte la responsabilité des déchets issus d’activités économiques. Et enfin, on l’oublie trop souvent, elle est au cœur de la vie de milliers de travailleurs qui collectent, trient et traitent chaque jour nos déchets.
La gestion de l’ensemble des déchets obéit à des principes ; elle est soumise à des objectifs. S’il y a une hiérarchie dans les modes de traitement des déchets (la prévention, la réutilisation, le recyclage, la valorisation et l’élimination), le développement durable nécessite de faire de la réduction des déchets à la source la grande priorité. Cela implique la fabrication d’objets qui durent, le renforcement de l’éco-conception, la lutte contre l’obsolescence programmée.
C’est pourquoi nous sommes convaincus que la transition vers une économie faiblement carbonée et durable se fera via une économie circulaire avec le dépassement de la dérégulation du marché, enjeu de la réussite. Or, la massification des flux de déchets, leur valorisation énergétique accompagnent une activité lucrative qui tend au besoin de toujours plus de déchets. Il existe donc des intérêts antagonistes, ce qui nécessite une clarification des objectifs et de leur ordre de priorité. Et plus globalement de changer de modèle économique, de remettre en cause l’économie capitaliste qui se nourrit de la consommation de masse.
Dans le secteur des déchets, comme dans celui de l’énergie, les lobbys des grands pollueurs œuvrent pour défendre leurs intérêts, mettant en péril l’intérêt général mondial en créant l’illusion d’une économie verte. Mais sur le terrain, les collectivités locales sont confrontées au concret. Les citoyens et les travailleurs doivent se réapproprier les décisions pour réussir cette transition écologique et démocratique. Garder le contrôle de cette activité dans le cadre d’un service public de qualité, renforcer l’économie de proximité, revoir nos modes de consommation face à la massification de la mondialisation : voilà l’enjeu !
Évelyne Didier,
sénatrice de Meurthe-et-Moselle
membre de la commission de l’économie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, membre du Groupe d’études sur la gestion des déchets