Le féminisme : Le ciment de notre visée communiste

Elisabeth Maugars (Indre-et-Loire) et Chrystel Leboeuf (Essonne)

 

Notre société fait croire à l'illusion de l'égalité entre les femmes et les hommes. Il y a des avancées grâce aux luttes des femmes, mais la société fonctionne sur un système de représentations genrées assurant la reproduction d'un appareil d’État, avec comme objectif le maintien de la soumission des classes exploitées et la soumission des femmes au patriarcat. Le patriarcat est la 1ère forme de domination dans la famille, il perdure dans l'organisation du travail, structure et modèle tous les champs politiques, sociaux, idéologiques, culturels. La division genrée du travail en est le résultat, division savamment entretenue par le patronat car il fait du travail des femmes son laboratoire expérimental à l'ensemble du monde du travail.

On ne peut se libérer du capitalisme sans se libérer du patriarcat, sans abolir toutes les structures de pouvoir patriarcal et capitaliste ayant la main-mise sur les femmes, les classes, les individus, les groupes. Le féminisme est un mouvement puissant d'émancipation humaine, un projet de société dans lequel l'égalité et la liberté s'écrivent au féminin. Les femmes se sont retrouvées dans la dernière période pour libérer la parole sans tabou, à un moment où les problèmes de dominations, de violences sexuelles et sexistes ont afflué, montrant le problème plus global des rapports sociaux de genre, des relations dans la cité comme au travail.

La Convention féministe du PCF du 4 mars 2017 est un tremplin dans notre réflexion pour la construction politique et idéologique d'un monde de justice et de paix. Elle pose la question d'une force politique ancrée dans le féminisme-lutte des classes remettant en cause le capitalisme et le patriarcat, une force politique devant mener sa propre révolution pour rendre notre communisme plus humain, plus concret et plus quotidien, mieux ancré dans les contradictions pour modifier indissociablement les rapports sociaux de classe et de sexe.

Le féminisme-lutte de classes repose sur le fait que l’oppression de classe est genrée et que les personnes les plus exploitées sont les femmes. S'attaquer aux temps partiels imposés majoritairement occupés par les femmes, gagner des droits pour les femmes permet de faire évoluer les conditions de travail de tou.te.s, de penser à articuler les temps sociaux entre femmes et hommes et de développer des services publics. Les revendications et les conquis sociaux déstabilisent l’ordre établi. Ils ouvrent la voie vers la transformation profonde de la société, sous l'action et le suivi permanent des salarié.e.s et de leurs organisations. 

La révolution féministe, c'est sans cesse la lutte pour conquérir les droits de propriété sur soi-même, de la maîtrise de son corps à la maîtrise de sa vie, de son travail, à l'abri des violences et des insultes. C'est la lutte pour se libérer de la reproduction du partage traditionnel des rôles dans la sphère privée, c'est la lutte pour l'autonomie financière, l'égalité salariale, l'éducation mixte, la parité politique, l'articulation des temps de vie, un langage mixte,  donc féminin, pour rendre visibles les femmes. Ce sont les luttes des femmes qui se lèvent dans le monde lorsque les forces réactionnaires, fondamentalistes de toutes religions, s'attaquent à leurs libertés. Les femmes et leurs libertés sont toujours la porte d'entrée pour asseoir leurs dominations. Au prétexte de "reprendre le contrôle sur les  femmes", il s'agit de maintenir les intérêts d'une minorité patriarcale et capitaliste, d'augmenter la pression sur les salarié.e.s, de détourner les colères vers la haine des femmes, des étranger.e.s. 

La révolution féministe est mobilisatrice et porteuse de luttes antiracistes, pro-migrant.e.s, écologistes, LGBT. Elle conduit à s'interroger sur les discriminations de genre.  

Notre communisme est à la fois féministe, pacifiste, internationaliste, écologiste. Il répond au besoin de liberté et d'égalité. Il est ce mouvement continu de l'émancipation humaine pour de nouvelles solidarités et de nouvelles constructions du partage des richesses et des ressources communes.