Au Mali, des ruptures salvatrices sont nécessaires !

Un peu plus de huit ans après le coup d’État de mars 2012, le Mali est à nouveau confronté à une prise de pouvoir par les militaires. Cette dernière s’est soldée par une démission du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), du gouvernement, et la dissolution du parlement.

Comme Amadou Toumani Touré en 2012, IBK a été incapable de juguler une situation sécuritaire catastrophique issue en grande partie de l’intervention militaire de la France de Sarkozy et de l’OTAN en Libye et des forces obscurantistes qu’elle a libérées. Les solutions promues par des grandes puissances en général et la France en particulier, avec leurs ingérences multiples, leurs politiques d'austérité d’ajustement structurel et la militarisation exclusive conduisent à l'échec, au chaos et à des États faillis.

La révolte populaire face au délitement de l’État, l’insécurité et la pauvreté

Affaiblis, les États deviennent des proies fragiles, propices à la fois aux violences et aux dominations extérieures. Au Mali, l’intervention de l’armée française n’a traité aucune des causes du désastre. La situation s’est au contraire aggravée. Les accords d’Alger en échec car imposés au peuple malien ont participé au climat délétère qui règne dans ce pays qui craint de perdre son unité territoriale au profit d’un remodelage libéral, à l’instar d’autres régions du monde, favorable à la mainmise sur les richesses du sous-sol. L’aggravation des conditions de vie sociales et sécuritaires tout comme les fraudes lors des dernières élections et une répression meurtrière du pouvoir d’IBK ont produit un mécontentement populaire qui s’est exprimé à de nombreuses reprises et que le mouvement M5-MFP, coalition de représentants politiques, de la société civile et de religieux tente de capter. Au Mali, c’est tout un système politique, économique, reposant sur une corruption endémique favorisant les prébendes, trafics et pillage des ressources au profit d’acteurs intérieurs et de puissances extérieures, qui doit être changé. Ce système de « politique à la malienne » s’est construit depuis les années 90 sur des alliances contre nature, et sur l’effacement du clivage gauche-droite, sans réelles propositions alternatives. C’est dans ce contexte malien qu’intervient l’actuel coup d’État. Il se déroule également au moment où l’hydre criminalo-djihadiste, qui se nourrit de la faillite des États, donne des coups de boutoir dans toute la sous-région. L'absence de développement génère le désespoir et nourrit les forces réactionnaires et régressives qui se positionnent à l'intérieur et à l'extérieur des pays concernés.

La sous région dans l’œil du cyclone

Compte tenu de cette situation catastrophique en Afrique de l’Ouest il est plus qu’urgent que des pays comme la Côte d’Ivoire ne basculent pas à leur tour dans la violence. Or, le président actuel installé par les chars français, Alassane Ouattara, a annoncé sa candidature pour la présidentielle d’octobre en contradiction avec la constitution ainsi que ses propres engagements. Il empêche également le retour de l’ancien président Laurent Gbagbo innocenté par la CPI et chaînon essentiel d’une véritable réconciliation. Pire, il le menace de 20 ans de prison sur des accusations fallacieuses. Les agissements liberticides de Ouattara en Côte d’Ivoire ont d’ailleurs eu des répercussions négatives sur la crise malienne car ils l’ont discrédité auprès de l’opposition malienne lorsqu’il menait la mission de médiation de la CEDEAO. La crise malienne, plutôt que de ramener Ouattara à la raison, est pour lui un prétexte d’une fuite en avant sécuritaire tous azimuts. La répression meurtrière récente de son opposition comme l’embargo du Mali qu’il tente d’imposer en sont la preuve. La complaisance et la complicité persistantes envers l’autocrate d’Abidjan dont font preuve les pouvoirs français et de grands médias n’en sont que plus insupportables. Au Mali comme en Côte d’Ivoire et ailleurs, seul un mouvement populaire s’impliquant pour des solutions politiques, économiques, sociales et laïques pour ouvrir une perspective de paix durable pourrait entamer une sortie de ces situations. Le PCF est aux côtés de tous ceux qui œuvrent en ce sens.

Collectif Afrique du PCF