Birmanie : La jeunesse mobilisée pour la démocratie

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Malgré l’instauration de la loi martiale interdisant les rassemblements de plus de cinq personnes ainsi que le couvre-feu, les Birmans manifestent depuis le 6 février dernier contre le coup d’État militaire qui a mené à la destitution de la cheffe du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, et du président, Myint Swe.

Depuis 2007 et la « révolution de safran », la Birmanie n’avait pas connu de mobilisation aussi importante. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont envahi ces derniers jours les rues de villes comme Rangoun ou Naypyidaw pour protester contre le coup d’État. Les hôpitaux, les transports, les écoles et les finances publiques sont touchés par la mobilisation des salariés malgré les tentatives de dissuasion de leur hiérarchie. Cette désobéissance déplaît fortement à Tatmadaw, l’armée du pays, qui a pour seule réponse la répression.

Canons à eau, tirs de balles en caoutchouc, arrestations massives de manifestants et d’élus, déploiement de blindés et de militaires, intimidations, interpellations nocturnes…tout est mis en œuvre pour faire accepter la situation aux Birmans. La junte a annoncé vouloir organiser un scrutin d’ici un an et mettre en place une « véritable démocratie multipartite » à laquelle personne ne semble vraiment croire.

Le mouvement de désobéissance mené en grande majorité par la jeunesse du pays ne faiblit pas, s’adapte et innove. Comme dans bon nombre de pays, les réseaux sociaux jouent un rôle important de mobilisation, d’information et de communication, au sein même du pays et bien au-delà. La Tatmadaw a rapidement réagi en bloquant Internet à plusieurs reprises et en censurant des réseaux tels que Facebook et Twitter. Mais c’est sans compter la détermination des jeunes qui n’hésitent à contourner ces interdictions en installant des systèmes VPN sur leurs téléphones portables. Toutefois leur mobilisation ne se limite pas à la toile, les protestations se font également dans la rue. Chants, chorégraphies, concerts, clips musicaux, flash mob… les arts envahissent la rue pour exiger le départ de la junte militaire et le retour de la démocratie en Birmanie. La chanson populaire Kabar Ma Kyay Bu (« Nous n’oublierons pas jusqu’à la fin du monde »), emblématique des manifestations de 1988 pour la démocratie elles aussi réprimées dans le sang par l’armée, se fait de nouveau entendre dans les rassemblements populaires.

A chaque jour son originalité, ce mercredi 17 février le mot d’ordre était : « Garez votre voiture en panne ». Ainsi, les manifestants ont arrêté leur voiture sur des routes, bloquant plusieurs axes de circulation de Rangoun afin d’empêcher l’armée de se déployer pour faire évacuer les rassemblements.

Le Parti communiste français (PCF) s’associe à l’appel du Conseil des droits de l’homme des Nations unies qui demande le rétablissement du gouvernement élu lors des élections générales en novembre dernier, ainsi que la libération immédiate et sans conditions de toutes les personnes détenues arbitrairement et la levée de l’état d’urgence.

La détermination pacifiste de la jeunesse birmane pour le retour de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme et de l’Etat de droit est forte, elle nécessite le soutient indéfectible et des actes forts de la part des pays membres du conseil de sécurité de l’ONU, et en premier lieu de la France.

Le PCF appelle à une mobilisation de solidarité internationale en soutien au peuple birman dans sa lutte pour recouvrer ses libertés, rétablir la démocratie et pour le respect des droits de l’homme et du droit international.

Méline Le Gourriérec
membre de la Commission des relations internationales