Brésil : le choix du peuple brésilien est la démocratie !

Ce 1er janvier 2023, Lula a pris ses fonctions de président du Brésil au cours d’une cérémonie d’investiture à la fois très politique et très émouvante. À l’occasion de cette investiture, le président Lula a prononcé trois discours : l'un, devant le congrès, destiné avant tout à tous les élus ; les deux autres à l’extérieur sur la place des Trois Pouvoirs, à l'adresse de ses soutiens et du peuple brésilien, au moment de la remise de l’écharpe présidentielle.

L’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, avait alors refusé de passer cette écharpe à Lula, et communiquait sur ses vacances en Floride tout en laissant planer des doutes sur la véracité du résultat des élections. Ainsi, l'insigne de président a été remis à Lula par cinq personnalités de « la société civile » parmi lesquelles le chef Raoni, qui poursuit Jair Bolsonaro en justice pour destruction de la forêt amazonienne.

Cette investiture s’est déroulée en présence de 17 chefs d’État et représentants du monde entier dont l’ensemble des présidents latino-américains, le vice-président cubain, des représentants de la Russie et de l’Ukraine, le vice-président chinois. La France et les États-Unis avaient fait le choix d'une représentation moins élevée en la présence de la secrétaire d’État à l'intérieur pour les États-Unis et du ministre chargé du commerce extérieur pour la France. Chacun jugera le niveau auquel la France place l’importance des relations politiques et de coopération avec le Brésil.

Évidemment, Lula savait et sait que les conditions de son accès au pouvoir sont difficiles, que le pays est profondément divisé et que les « bolsonaristes » sont à la fois très nombreux et très actifs. Et ceci, en dépit du bilan de Bolsonaro que beaucoup qualifient de catastrophique du point de vue sanitaire, bien sûr, lors de la pandémie, mais aussi d’un point de vue économique et social. Ce sont au moins 30 millions de Brésiliens qui souffrent de la faim et près de 50 % de la population totale qui est plongé dans l'insécurité alimentaire… Cela, dans un pays avec une croissance en berne, une dette importante et en prise avec le comportement criminel d'une finance internationale qui asphyxie les pays latino-américains avec des taux intérêts extravagants de remboursement de la dette.

Mais nous l’avons vu ce dimanche 8 janvier, les difficultés existent aussi quant au retour à la démocratie. Les partisans de « Bolsonaro », des fascistes parfaitement organisés sur les réseaux sociaux, continuent à montrer que l’extrême droite refuse la démocratie et l’ont illustré en agissant comme des putschistes, en envahissant et en saccageant les lieux de pouvoir à Brasilia.

La question reste entière sur d’éventuelles complicités de l’armée ou de certains policiers ainsi que sur celle du gouverneur de l’État. Dès dimanche après-midi, le président Lula a pris la parole pour rappeler le choix de la démocratie fait par le peuple brésilien et l'exigence que la justice sanctionne celles et ceux qui ont dévasté les bâtiments publics, présidentiels et gouvernementaux de la capitale. Lula a retiré au gouverneur de l’État son pouvoir de police et de sûreté et a souhaité, dès lundi matin, réinvestir de suite les locaux présidentiels, ceux du congrès et du tribunal fédéral.

La condamnation des actes terroristes des militants de Bolsonaro est unanime dans le monde. Cette tentative de putsch confirme les menaces que crée toute banalisation de l'extrême droite. Garantir et développer les principes démocratiques passe par la lutte contre l’extrême droite.

Le peuple brésilien a répondu en masse ce lundi à des appels multiples, et de nombreuses manifestations pour la démocratie se sont déroulées à Sao Paulo, à Rio de Janeiro, à Salvador de Bahia….

Le Parti communiste français réaffirme avec force sa solidarité avec le peuple du Brésil et le président Lula. Pour répondre aux engagements et aux défis qu'il affronte, le Brésil a besoin de toute notre solidarité, d'une coopération internationale renforcée et d’une démocratie vivante respectée.


Cécile Dumas
Responsable adjointe du secteur international
chargée des questions migratoires et de l’Amérique latine