Burkina : le retour du dictateur sur le lieu de ses crimes

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Condamné par contumace à la prison à vie par la justice burkinabè pour « atteinte à la sûreté de l’État » et complicité dans l'assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, le dictateur Blaise Compaoré s’apprête à fouler le sol du Burkina Faso.

Il faut se rappeler qu’il avait été extradé en Côte d’Ivoire par l'armée française lors de l'insurrection populaire de 2014 pour qu'il ne révèle pas les coups tordus de la Françafrique et qu'il tire les ficelles de la déstabilisation du Burkina Faso, ce qu'il n'a pas manqué de faire. Se rappeler également qu’il avait pactisé avec le diable en accueillant et en soignant les chefs terroristes djihadistes du Mali. Quelques mois après sa chute, les attaques des entrepreneurs de violence débutaient, entamant un cycle de violences et d’attentats frappant le peuple burkinabé dans sa chair.

Aujourd’hui, ce retour, même de quelques jours, pose de lourdes questions. Les autorités issues du putsch contre le président Roch Kaboré, renversé alors qu’il avait été élu démocratiquement, prennent prétexte d’une rencontre entre les 5 anciens chefs d’État encore en vie, pour « accélérer la réconciliation ».

Il n’empêche, ce retour négocié met en cause les décisions d’une justice dont l’indépendance a pourtant constitué une avancée très positive de ce pays. Est-ce là le signal d’un retour à l’impunité pour les crimes économiques et les crimes de sang ? Au vu du rôle désastreux de Blaise Compaoré au Burkina Faso et dans la sous-région, n’est-ce pas inquiétant que cet exécutant d’un nombre incalculable de basses œuvres revienne en grâce au moment où la situation continue de se dégrader ?

De quelle réconciliation s’agit-il ? Et quelle est sa signification ? Des forces agissent à l’intérieur et à l’extérieur du Burkina pour des formes de restauration de l’ancien régime et des anciennes pratiques, celles qui ont abîmé ce pays depuis 1987 et été à l’origine de l’assassinat de Thomas Sankara. Qui peut croire que pour s'en sortir le Burkina devrait donner des gages à ceux qui portent une lourde responsabilité dans la dérive de ce pays ? Ce serait alors un renoncement à porter des réponses qui sont justement à l'opposé de l'impunité, des inégalités sociales, du libéralisme, des prédations et crimes qui ont prévalus pendant les 27 du règne de Compaoré.

Parti communiste français
Paris, le 7 juillet 2022