Ce n’est pas aux quartiers populaires de payer la crise !

Nous avions souligné dans le texte de congrès « Pour un Manifeste du Parti communiste du 21e siècle » nos priorités d’action et d’organisation : « Affaiblis dans notre organisation et notre activité sur les lieux de travail et les quartiers populaires, nous sommes en difficulté pour travailler à unir le salariat dans sa diversité et faire progresser sa conscience de classe, pour nourrir le mouvement populaire de nos idées. » Et nous affirmions la nécessité « d’une organisation de proximité qui fait de la politique partout, des quartiers aux entreprises... une organisation qui travaille en direction de toutes les couches sociales en proposant des axes programmatiques et en développant l’éducation populaire. »

 

Notre activité dans les quartiers populaires exige des efforts soutenus. Prenons la mesure des 1 500 quartiers classés Quartier politique de la ville, des 10 millions de personnes habitant des logements sociaux et de tous ces lieux où la population paie le prix fort des politiques régressives menées dans notre pays : 42,2 % des habitants de ces quartiers vivent en dessous du seuil de pauvreté, le taux de chômage frôle 25 %. La désignation dans chaque fédération d’un camarade en responsabilité de ces questions et la constitution d’un groupe de travail national sont essentielles pour avancer.

Un pas a été franchi avec une première réunion de 28 camarades de 25 fédérations sur ce thème le 29 avril. Tous ont insisté sur les urgences sociales dans ces quartiers, exacerbées par le confinement qui a aggravé les inégalités. Perte de revenus avec le chômage partiel, la fermeture des cantines, la précarité des petits boulots qui n’ouvrent aucun droit, l’augmentation des prix alimentaires... Le pouvoir d’achat est une question essentielle pour les populations. Nous avons lancé une carte-pétition réclamant le blocage des prix et la suppression de la TVA sur les produits essentiels, le versement d’une allocation exceptionnelle de 300 euros aux 9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, l’indemnisation à 100 % du chômage partiel, l’augmentation du SMIC et des bas salaires de 20 %, la gratuité des masques.

En l’absence de telles mesures, les conséquences sociales de la crise sanitaire - déjà visibles - seront terribles et pèseront sur toute la société. Cette pétition contribue à la prise d’initiatives, la mobilisation et à l’organisation du Parti dans les quartiers.

De nombreux sujets ont été abordés par les présents. L’action des maires et élus communistes a été soulignée : soutien financier aux familles modestes pour compenser l’absence de cantine, aide alimentaire sous la forme de colis solidaires, soutien aux associations de solidarité, mise en place de points de ventes de légumes et fruits avec les producteurs locaux pour pallier à la fermeture des marchés, ouverture de centres de dépistages Covid au plus près des habitants, achats, confection et distribution de masques gratuits, présence auprès des plus âgés et des plus vulnérables, accès libre et gratuit en ligne au fonds des médiathèques... Les villes dirigées par des maires communistes se sont engagées en première ligne, alors que l’État se révélait incapable de répondre aux besoins urgents, notamment sur la question des masques !

Alors que l’endettement des familles augmente, l’interdiction des expulsions s’impose et le report définitif de la trêve jusqu’à l’hiver prochain serait une première victoire. La fracture numérique, l’incapacité de l’État à assurer dans de bonnes conditions la rentrée scolaire ébranlent la confiance dans l’école. Notre Plan d’urgence pour l’école a toute sa place dans les discussions.

Le sentiment de non-droit s’exprime fortement. L’expérience de la discrimination sociale, spatiale, raciste est commune à beaucoup, particulièrement les jeunes. Elle entraîne la perte de confiance dans les institutions et d’abord la police. Nous devons condamner sans ambiguïté les violences et propos racistes quand ils se produisent et être force de propositions sur les questions de prévention, de police et de justice. Le sentiment d’insécurité dans ces quartiers est fort, nourri par la place prise par les réseaux organisés du trafic de drogue, véritable économie parallèle dans certains lieux. Nous avons besoin de retravailler nos propositions sur la question des stupéfiants, des addictions, du soin, tout en favorisant la prise d’initiatives pour faire reculer la peur et faire entendre l’exigence populaire d’être protégés.

De grandes questions politiques traversent ces quartiers. Avançons des batailles locales et nationales permettant de renouer avec l’action politique. Nous regagnerons du terrain auprès d’habitants qui ont toute leur place dans le combat pour la transformation de la société. Sans quoi c’est bien l’individualisme et le rejet du politique qui l’emporteront.

Marie-Christine Burricand, membre du CEN, responsable nationale aux Quartiers populaires.