Cellules grises

Le Figaro découvre que les ouvriers ont un cerveau, et même qu’ils savent lire ! En tout cas, c’est un peu l’impression que donne Etienne de Montety dans son éditorial du Figaro Littéraire cette semaine. Il y chronique le « Journal de Thorez. 1952/1964 », publié chez Fayard et il intitule son billet « Thorez, lecteur inattendu ». Le rédacteur constate en effet, vraiment très étonné, que Thorez lit (et commente) beaucoup ! Aragon, Triolet, Vercors, Vailland, Merle, Chabrol mais aussi Diderot, Courier, Hugo, Stendhal, le cardinal de Retz et puis encore Lucrèce (le De rerum natura, en latin, s’il vous plaît). Alors bien sûr, le « fils du peuple » a ses limites dans son expression, ça sent l’ouvrier, ironise le mondain. Thorez, figurez-vous, dit qu’il va « au «  dentiste, et il appelle sa belle-mère « mémère ». N’empêche, pour « un ancien mineur, quel inépuisable appétit intellectuel » ! On pense peut-être, à Auteuil-Neuilly-Passy, que le populo n’est pas doté de cellules grises.

Gérard Streiff