Défendre les intérêts de la jeunesse

a crise sanitaire engendrée par la pandémie de la Covid-19 en France a contraint les pouvoirs publics à prendre des décisions inédites dont les conséquences psychiques et physiques sur les enfants et la jeunesse de notre pays apparaissent particulièrement inquiétantes. En mars dernier, le confinement et l’annonce de la fermeture des établissements scolaires et universitaires ont été un véritable bouleversement au milieu de l’année scolaire pour les élèves et les étudiants.

Aussi, j’ai souhaité qu’une commission d’enquête puisse se pencher sur les conséquences de la crise de la Covid-19 et plus particulièrement sur la situation des enfants et de la jeunesse. Ainsi, notre groupe parlementaire s’est appuyé sur son droit de tirage pour obtenir la création de cette commission d’enquête dont j’ai été nommée rapporteure.

Dès le début du confinement, de nombreux professeurs ont fait état des difficultés de suivi des cours à distance pour les élèves ne disposant pas d’un matériel informatique satisfaisant. Ainsi, de nombreux élèves ont suivi leurs cours sur leur téléphone portable, ne garantissant pas un suivi de qualité. Les conditions d’accès disparates à Internet ont aussi été un facteur d’inégalités entre les élèves. Ces problématiques ont eu pour conséquence de creuser encore un peu plus les inégalités préexistantes entre eux. Limiter le décrochage scolaire et rattraper le retard pris sur les programmes est un enjeu majeur pour les équipes enseignantes aujourd’hui. Aussi, pour réduire les effets du confinement et faire face au décrochage scolaire, je propose la création d’un Observatoire national du décrochage scolaire auprès du ministre chargé de l’Éducation nationale.

Ces difficultés se sont aussi révélées chez les étudiants. La fermeture des universités de mars à septembre 2020 a obligé les professeurs à repenser la dispensation de leurs cours ainsi que des modalités d’examens. De nombreux étudiants ont fait part d’un manque de matériel pour suivre les cours à distance, imprimer des documents ou passer les examens en ligne.

L’arrêt des jobs étudiants a plongé nombre d’entre eux dans une précarité dramatique. De plus, l’arrivée des jeunes diplômés sur un marché du travail qui connaît une suppression massive des emplois dans plusieurs secteurs d’activités est démotivant et destructeur pour ces jeunes diplômés. C’est pourquoi, je soutiens l’extension du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans, afin qu’ils puissent bénéficier d’un filet de sécurité le temps de trouver un premier emploi et de bénéficier d’un revenu leur permettant de ne pas sombrer dans une grande précarité.

Par ailleurs, la fermeture des cantines et de la restauration universitaire a entrainé des problèmes de malnutrition et de surpoids au sein des familles les plus défavorisées. Les associations distribuant des denrées alimentaires ont vu arriver des bénéficiaires inconnus jusqu’alors dont les étudiants représentent une part importante. Parallèlement, on estime que la pauvreté infantile atteint 21 % des jeunes. De plus, l’arrêt des activités physiques et sportives et la pratique dans les clubs ont favorisé une forte sédentarité chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. L’addiction aux écrans s’est également accrue avec toutes les conséquences néfastes que cela comporte.

Psychologiquement, les jeunes ont beaucoup souffert des messages anxiogènes délivrés par les campagnes contre le coronavirus. Celles-ci, pointant du doigt les comportements à risque des adolescents et des jeunes adultes présentés comme des agents de transmission de la Covid-19, ont contribué à culpabiliser la jeunesse.

Par ailleurs la restriction des déplacements, l’isolement, et le rétrécissement de la sphère sociale ont contribué à une fragilisation de la santé mentale des jeunes. Les travaux de la commission d’enquête ont mis en lumière des carences dans les dispositifs de soutien psychologique dans le supérieur. Ainsi, un médecin de service de santé universitaire, en équivalent temps plein, a à sa charge en moyenne 15 813 étudiants. Plus inquiétant encore, un psychologue dans l’enseignement supérieur a en charge 30 000 étudiants ! Ces moyens ne sont pas suffisants pour répondre à la situation de détresse ressentie par les étudiants.

De manière générale, la voix des jeunes n’est pas suffisamment écoutée et entendue au sein de nos institutions. Pour remédier à cela, une section jeune pourrait être créée au sein du CESE afin de voir émerger leurs idées dont l’apport n’est plus à démontrer.

Enfin, les travaux de la commission d’enquête se sont attachés à analyser la situation de la protection de l’enfance. Les témoignages recueillis font état d’un fort engagement du personnel, notamment de la présence renforcée des éducateurs auprès des enfants pris en charge. Pour autant, le pilotage national et territorial de ces politiques doit être renforcé afin que la prise en charge des enfants soit équivalente sur tout le territoire.

Ainsi ce rapport, adopté à l’unanimité par les membres de la commission d’enquête, fait état de 80 préconisations pour répondre aux problématiques qui touchent les enfants et la jeunesse dans ce contexte de crise sanitaire, économique et sociale.

Vous pouvez compter sur mon engagement le plus total pour continuer à défendre les intérêts de notre jeunesse afin que cette génération ne devienne pas une « génération sacrifiée ».

Marie-George Buffet, députée de la Seine-St-Denis