Des sections communistes contre le tout-Amazon

Tout le monde a quelque motif de se plaindre des GAFAM, voire d’être indigné. Des actions, revendications et protestations de toutes sortes émergent dans le monde entier. Malheureusement, elles restent assez peu coordonnées et des forces vives en sont encore absentes. Il convient, y compris localement, de leur donner davantage d’ampleur et de mettre en commun toutes les énergies.

Voici un cas de pleine actualité. À côté de l’aéroport de Lyon, Amazon veut construire un méga-entrepôt de 160 000 m² (32 terrains de foot). Le maire de la commune concernée a accordé un permis de construire, mais celui-ci fait l’objet de recours de la part de plusieurs associations (décision de la Cour d’Appel au plus tard en juin). Alternatiba a effectué un travail remarquable d’enquêtes et mené de premières actions avec divers collectifs et associations. Des élus de Lyon et de la Métropole (écologistes, communistes, etc.) ont fait part de leur hostilité et condamné les prétentions d’Amazon. Mais cela ne suffira pas.

Il nous a semblé qu’il était temps de passer à une vitesse supérieure : mobiliser les partis politiques, les syndicats (d’ouvriers, d’employés, d’agriculteurs), les petits commerçants, et élargir aux associations non encore impliquées. Il s’agit aussi de donner une envergure nationale et même internationale à ces actions. En effet, l’implantation d’un tel entrepôt XXL n’induit pas que des nuisances de proximité. Elle a des conséquences sur tout l’aménagement du territoire et sur la conception même de la société.

Le tract et l’affiche diffusés par les sections de l’Est lyonnais et du Nord-Isère du PCF tentent de synthétiser les raisons de s’opposer à cette submersion amazoniste :

- Amazon, en fait, ne crée pas d’emplois : pour 1 emploi créé, ce sont selon les cas entre 2 et 6 emplois détruits (notamment dans le commerce de proximité).

- Les conditions de travail sont déplorables (précarité, stress, cadences, dangers, flicage…), pour le dumping social.

- Amazon est champion de l’évasion fiscale (alors que les commerçants paient leurs impôts), au profit des actionnaires, et non du développement du territoire.

- Amazon, c’est la pollution : surproduction délocalisée, acheminée par avion, distribution + 5 500 véhicules par jour dans le secteur, dont 1 000 poids lourds par jour.

- Ces plateformes dites logistiques (pas seulement Amazon) mangent directement ou non les terres agricoles et maraîchères de proximité relocalisées.

Le combat que nous soutenons et auquel nous participons ne regarde pas que l’Est lyonnais. Ce qu’on nous prépare ici est déjà vécu ailleurs et en gestation partout. Pire : Amazon vise une diversification massive de ses activités, notamment dans l’alimentaire. C’est une volonté hégémonique, voire un monopole qui se monte. Il profite de la pandémie en installant le e-commerce comme seule réponse, avec l’aval des gouvernements et des milieux d’argent. L’objectif est qu’on n’ait plus le choix. Le succès d’Amazon s’explique aussi par la manipulation des consommateurs : livraison instantanée, incitations à l’achat irréfléchi, via les comptes Amazon prime/livraison en 1 jour, promesse d’un coût moindre sans intermédiaires      Mais ne culpabilisons pas les individus, dégageons d’autres modèles d’organisation.

Surconsommation, surexploitation, évasion fiscale, pollutions, destruction de l’agriculture et du commerce. Tel n’est pas notre projet de société, tel n’est pas non plus celui des citoyens et de leurs associations.

À Lyon, en France, dans le monde, Victor Hugo disait sous Napoléon III : mettons fin à ce galop à travers l’absurde d’un système ivre échappé ! C’est encore plus d’actualité.

Partis de gauche et écologiques, syndicats, associations, citoyens dans leur diversité (commerçants, salariés, riverains, défenseurs de la planète) : tous unis contre le “tout Amazon” ! Nouvelle action : vendredi 16 avril.

Lucas Boghossian

Françoise Pagano

Thierno Touré

secrétaires des sections de Vaulx-en-Velin, Meyzieu et Décines