Essentiels un jour, sans-droit le lendemain: régularisons les Sans-papiers!

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Samedi 17 octobre, le Parti communiste français appelait au soutien et à l’accueil de la marche nationale des Sans-papiers. Il a fallu de nombreuses négociations et une pression du nombre de personnes sur la place de la République pour que la manifestation puisse être autorisée par la Préfecture après modification du parcours initial.

Les collectifs de Sans-papiers étaient partis depuis le 19 septembre de tous les coins de France pour arriver à Paris samedi. Dans toutes les villes «étapes», les collectifs, les associations, les syndicats ont exprimé leurs revendications: la régularisation, la fermeture des centres de rétention administrative et un logement pour toutes et tous.

Combien d’entre eux ont été «les premiers de corvée» durant le confinement?

Beaucoup de personnes ont applaudi le personnel de santé mais aussi les éboueurs, le personnel de nettoyage, les aides à domicile, les employés agricoles…. durant le confinement, beaucoup les ont remerciés d’être au travail pour permettre la vie de toutes et tous.

Remerciements et applaudissements largement justifiés mais cela ne peut pas suffire!

Beaucoup d’entre eux, ont une vie extrêmement précaire, dépendants des «boîtes d’intérim» souvent peu scrupuleuses du droit du travail et ces travailleurs sont souvent considérés comme des variables d’ajustement par les employeurs.

Le paradoxe est que ces travailleurs invisibles, sans droits, se retrouvent être les travailleurs des activités essentielles durant ces mois de crise sanitaire. L’aide à domicile, les travaux du bâtiment, le nettoyage, la sécurité, la livraison à domicile, le ramassage des déchets, l’agriculture sont les principaux secteurs d’emploi des travailleurs sans-papiers. En revanche dans la restauration, et l’hôtellerie, secteurs particulièrement touchés par la crise, ils se retrouvent les premiers dehors, sans salaire, sans chômage partiel, sans aucun droits sociaux.

La crise sanitaire, la marche des collectifs, la manifestation auront peut-être permis de mettre un focus sur ce travail «invisible», largement accepté par les employeurs et les différents gouvernements.

Ce sujet fait partie des débats totalement irrationnels, hystérisés et souvent prisonniers du vocabulaire et de la pression des partis d’extrême droite.

Nous parlons d’environ 160 000 à 200 000 personnes sur le territoire français qui revendiquent des droits sociaux et de vivre décemment sous leur nom et pas avec une fausse identité. Nous parlons aussi des étudiants étrangers sans fac, sans affectation en cette rentrée peu ordinaire qui se retrouvent sans droit ni titre.

Les organisations politiques au côté des organisations syndicales doivent élever la voix à ce sujet et ne pas laisser s’installer l’idée de «travailleurs jetables», de travailleurs «variables d’ajustement». La crise mondiale du Covid-19 montre l’importance du contrat de travail et le danger de l’économie informelle.

Le gouvernement portugais au plein cœur de crise sanitaire a régularisé temporairement tous les «sans-papiers» vivant sur leur territoire. Ce premier acte, certes insuffisant, doit permettre un débat cohérent et démontrer l’indispensable nécessité de régulariser tous les travailleurs sans-papiers au plus vite.

Cécile DUMAS
responsable-adjointe du secteur International du PCF
chargée des Enjeux migratoires