Et si la solidarité l’emportait sur la haine …

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Au début de cette année 2021 qui s’annonce de nouveau peu ordinaire, dans le premier numéro de Philosophie Magazine, un chercheur en relations internationales à Sciences Politiques de Paris confessait une frustration. Celle de n’avoir jusqu’à présent « décrit qu’un monde de violences, de souffrances, d’indifférences au risque de manquer des pans entiers de la réalité ». Il continue sa réflexion en disant que le monde est traversé de conflits, mais aussi de bienveillance, « un affect calme » qui circule du droit international à la solidarité envers les migrants.

L’accueil des migrants est particulièrement symbolique à ce sujet. Des militants associatifs, des militants politiques, des élus, des citoyens, des dizaines de milliers de personnes résistent à la haine de l’extrême droite, à l’hostilité des politiques migratoires des pays européens, aux intimidations judiciaires pour permettre l’accueil, l’accès aux droits aux migrants arrivant en France et en Europe..

On a tous en tête, ce boulanger à Besançon qui se met en grève de la faim pour montrer son opposition à l’expulsion de son apprenti, Guinéen, maintenant régularisé. Mais aussi une journée « école morte » à Sarcelles à l’initiative d’une fédération de parents d’élèves pour éviter l’expulsion d’une famille géorgienne, le père a été expulsé mais la mère et les enfants sont restés en France et la famille devrait être réunie dans les jours à venir grâce à cette pression militante.

Ou, encore, aujourd’hui même, une manifestation à Toulouse de militants de RESF accompagnés d’élus pour défendre les droits de 50 familles menacées d’expulsion avec le slogan suivant « confiner les droits est un frein à l’accès au travail, aux soins, aux logements ». Ces manifestants ont obtenu un rendez-vous à la Préfecture pour ouvrir les droits de ces familles.

C’est aussi cet appel du skipper François Gabart, vainqueur du Vendée Globe en 2015, qui rappelle l’importance, la nécessité de secourir tous les migrants en difficulté en mer et cela en parrainant l’association SOS Méditerranée.

On pourrait citer la création de la communauté Emmaüs par Cédric Herrou dans la vallée de la Roya qui permet aux réfugiés d’avoir un lieu d’accueil et de pouvoir faire leur demande d’asile dans un cadre protégé. Ce sont aussi des citoyens français et italiens qui continuent à organiser régulièrement des maraudes pour permettre aux réfugiés de survivre à Vintimille ou des « maraudeurs » qui partent à pied, la nuit au col de Montgenèvre, pour montrer le chemin aux migrants qui passent la frontière….

On a pu voir aussi des gestes plus politiques comme dans les Pyrénées dernièrement où une marche a été organisée au col du Portillon pour rappeler la tradition d’accueil, de solidarité, de résistance de la montagne qui avait été souillée par le mouvement raciste ami de Mme Le Pen, Génération Identitaire quelques jours auparavant. Un rassemblement antifasciste similaire avait eu lieu au col de l’Échelle dans les Hautes-Alpes avec une forte représentation de Guide de montagne.

Ces quelques exemples montrent bien que la solidarité, la résistance, la mise en commun, les collectifs humains peuvent être plus forts que la haine de l’extrême-droite, plus forts que le silence de l’Union Européenne. Ces actes sont des atouts pour combattre la montée de l’extrême droite en Europe et doivent trouver des relais politiques à gauche.

Le droit à la circulation, l’accès aux droits pour une vie décente aux migrants, faciliter l’accès à la demande du droit d’asile, ouvrir des voies légales et sécurisées de migration doivent être des thèmes portés par les partis de gauche pour ouvrir une perspective d’espoir et de changement ,et une alternative européenne.

 

Cécile Dumas
responsable-adjointe du secteur International du PCF
chargée des Enjeux migratoires