États-Unis : la résistible prolifération du trumpisme

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Les élections de mi-mandat états-uniennes se sont déroulées il y a déjà trois jours (au moment où ces lignes sont écrites) mais d’importantes incertitudes demeurent, les décomptes et recomptages des voix pouvant encore durer des jours voire des semaines dans certains États.

Il est à noter, à ce sujet, deux particularités de ces structures nationales des États-Unis : une grande marge de liberté de fonctionnement des institutions des États fédérés et les diversités spécifiques des procédures électorales.

S’il est de « tradition » que les scrutins de « mid-term » soient défavorables au président en fonction, Joe Biden, dont son parti démocrate perd la majorité à la Chambre des représentants, peut néanmoins se targuer d’un « succès », les pertes étant de loin moins importantes que la moyenne de celles des dix présidences passées (une cinquantaine de sièges).

En effet, alors que sur les 435 sièges de la Chambre des représentants, 26 restent encore à pourvoir, selon des estimations, l’écart pourrait être de moins de 10 sièges en faveur des Républicains.

Quant au Sénat – dont 35 sur les 100 sièges sont à renouveler – on aura de résultats définitifs qu’après le 6 décembre, date du second tour du scrutin sénatorial local préconisé en Géorgie (près de 11 millions d’habitants). Le sénateur démocrate sortant plutôt progressiste Raphael Warnock (à ce jour, 49,6%), dépasse de peu son adversaire républicain trumpiste Herschel Walker (48,3%) alors qu’une majorité de 50 % des voix est requise, ce que la présence d’un troisième candidat indépendant empêche.

Le rapport des forces au Sénat est actuellement de 48 sièges démocrates et 49 républicains. Ces derniers doivent gagner au moins 51 sièges tandis que pour les Démocrates 50 suffisent, puisque, le cas échéant, la vice-présidente Kamala Harris pourra apporter la 51e voix.

La « vague rouge » républicaine n’a pas eu lieu. Trois raisons principales à cela : la crainte d’une majorité d’électeurs qui ont pris conscience – on a constaté un afflux inattendu vers les bureaux de vote, notamment de jeunes, dans la soirée du 6 novembre – de la gravité des régressions que représente le trumpisme ; nombre des candidats républicains directement adoubé par Trump étaient trop caricaturaux pour être crédibles ; les quelques dizaines de candidats démocrates les plus progressistes ont été élus ou réélus haut-la-main, ce qui par ailleurs devient un « problème » pour l’appareil du parti, et pour Biden, qui prônent le bipartisanisme consensuel.

Ceci dit, le trumpisme suprémaciste blanc, populiste d’extrême droite et rétrograde s’est bien enraciné, depuis que les « Tea Party » de Mme Sarah Palin et ses amis ont rendu ces idées fréquentables, il y a près de vingt ans.

Michel Muller
membre de la commission des relations internationales du PCF