Gardanne, ville ouvrière de Provence

Amélie Barbey, militante de Gardanne, revient sur les luttes du PCF et l’action de la section dans la ville.

Située au cœur du bassin minier de Provence, Gardanne a accueilli des populations venues de l’Europe et de la rive sud de la Méditerranée, attirées par les perspectives d’emplois dans l’industrie ou importées comme main-d’œuvre coloniale. Une cohésion sociale est née autour du travail réalisé en commun, elle a été accompagnée par les syndicats et des formations politiques. La municipalité communiste en place de 1977 à 2020 a permis le développement de la ville et assuré son dynamisme en favorisant l’implantation de services publics, commerces, établissements scolaires, culturels et sportifs. L’équipe municipale s’est battue et a suivi les combats menés par les habitant·e·s pour qu’il soit possible de mener sur place l’ensemble des activités d’une vie humaine. Travailler, étudier, consommer, se reposer, se divertir, se cultiver : tout doit pouvoir être fait sur son lieu de vie.

Les élu·e·s communistes gardannais, au département et à l’Assemblée, ont porté des combats nationaux contre le TCE, contre le CPE, pour la défense de La poste, etc. Aux municipales de 2020, alors que la section PCF de Gardanne avait choisi d’impulser un rassemblement de l’ensemble des forces progressistes de la ville à travers le Collectif citoyen Gardanne-Biver, la ville a basculé à droite. La situation sanitaire, la présence de nombreuses listes au 2e tour, la division de l’équipe municipale sortante ont pu conduire à ce résultat. Les tenants et les aboutissants de cet échec restent encore à analyser. Le collectif compte cinq élu·e·s d’opposition au conseil municipal qui mènent le combat pour la défense de l’emploi industriel, des services publics et restent vigilants face à la politique menée par la mairie de droite.

Aujourd’hui, Gardanne synthétise une bonne partie des enjeux qui se présentent nationalement : maintenir l’industrie tout en défendant l’environnement, empêcher la disparition des services publics de proximité, défendre l’activité du centre-ville. Ce sont autant de combats à mener qui auraient gagné à être accompagnés par une municipalité engagée à gauche.

De lourdes menaces pèsent sur l’industrie qui ravivent les plaies encore ouvertes de la fermeture de la mine en 2003. L’usine d’alumine, propriété d’Alteo, a été reprise à l’issue d’une procédure de justice. Ce changement de propriétaire se traduira par la perte d’une centaine d’emplois et la délocalisation d’une partie de l’activité. Certain·e·s semblent croire que la défense de l’environnement est un enjeu strictement local, et qu’en envoyant en Guinée une partie de la production, on résout les problèmes. Nous croyons, au contraire, qu’il convient de produire et de contrôler sur notre territoire ce que nous consommons. La centrale thermique est aux mains de GazelEnergie qui ne propose rien d’autre qu’un plan de licenciement massif. En face, l’Association des travailleurs de la centrale, créée à l’initiative du syndicat CGT du site, propose un vrai projet de reprise industrielle.

La section PCF de Gardanne se tient à ses côtés et accompagne leur combat avec le lancement d’une souscription. Les services publics sont progressivement déshumanisés quand ils ne sont pas simplement détruits. Un parking multimodal accolé à une gare vide d’agents a été récemment inauguré par un grand nombre d’élu·e·s Les Républicains, qui ont feint d’ignorer la terrible solitude dans laquelle sont désormais laissés les usagers les plus fragiles. La Poste se vide également de ses employé·e·s, sommant chaque utilisateur de devenir un spécialiste des bornes en accès libre.

La section connaît une hausse des adhésions. Une nouvelle dynamique est enclenchée qui permet la reprise des permanences trois fois par semaine et une présence régulière sur le marché. Les combats sont encore nombreux à mener qui doivent être accompagnés ou impulsés. Alors que l’équipe municipale ne constitue plus un point d’appui pour les luttes, la section PCF de Gardanne continuera de le faire pour que la ville ne cesse d’être une tête de pont des luttes sociales et des combats contre toutes les formes de discrimination.