General Electric : une nouvelle étape dans la lutte

Une brèche est ouverte


Après quatre mois de résistance, avec occupation d’usine de deux semaines à l’initiative de la CGT, une brèche a été ouverte : les nouvelles propositions de GE réduisent de 300 le nombre de suppressions d’emplois initialement prévues dans la turbine à gaz (800). Un délai supplémentaire de négociations est obtenu jusqu’au 29 novembre. La lutte entre dans une nouvelle étape.

L’ accord cadre inacceptable de GE et Le Maire


Mais l’accord cadre proposé par la direction de GE et le gouvernement, son allié servile, ne répond ni aux besoins du territoire de Belfort, ni à celui de l’industrie énergétique nationale :
- la pérennité de l’activité turbines à gaz, complément nécessaire des énergies renouvelables, n’est pas assurée, alors que le marché connaît un rebond ;
- les 200 emplois de diversification aéronautique sont pour... 2023 ;
- les reculs sociaux demandés aux salariés( RTT, salaires, intéressement) au nom de « l’équilibrage des efforts » de baisse de coûts sont indécents eu égard aux dividendes versés et à la mise en déficit délibérée du site de Belfort : les royalties, intérêts, et prix payés à la filiale suisse de Baden pompent la valeur créée à Belfort.
La CGT refuse donc légitimement de signer l’accord, sans laisser pour autant la chaise vide lors des négociations, afin de résister pied à pied à la délocalisation des lignes de production et obtenir la réintégration à Belfort des fonctions stratégiques (commerciale, gestion de projet, financière), prévue dans l’accord de vente d’Alstom en 2014, que GE n’a pas respecté.

Construire l’unité du salariat


L’unité entre ouvriers, techniciens, et ingénieurs a été la grande force du mouvement, dans une entreprise où les ouvriers sont moins nombreux que les deux autres catégories réunies. Ce sont les initiatives de l’intersyndicale CGC-Sud-CGT, son travail d’information sur l’avenir de la turbine à gaz, son exigence du respect des accords de 2014, qui ont poussé les élus locaux à un soutien plus ferme et bousculé le gouvernement. Les plans alternatifs, dont le plan B de la CGT, ont mis en avant le besoin d’une organisation de l’entreprise requalifiante pour les ingénieurs et sécurisante pour les ouvriers, afin que le site ne se transforme pas en un centre de sous-traitance délocalisable. L’unité du salariat s’est construite sur la contestation de la chaîne d’activité mondiale de GE, destinée à « faire du cash » le plus vite possible. C’est sur ces bases offensives qu’elle doit se poursuivre, en surmontant les craquements récents de l’intersyndicale sur l’occupation d’usine (dont même la présidente de région reconnaît qu’elle a permis « des avancées ») et les rancœurs nées des divergences sur la signature de l’accord-cadre.

Élargir les mobilisations à toute la filière de l’énergie


Si l’enjeu national et européen de l’activité de la turbine à gaz dans la filière de l’énergie commence à être perçu, il n’a pas donné lieu à des mobilisations au-delà du Territoire de Belfort. C’est un des points faibles de la lutte, auquel il est urgent de remédier, car c’est toute la filière énergétique qui est menacée de démantèlement. GE serait prêt à vendre le secteur nucléaire acheté en 2014, des investisseurs japonais et chinois sont à l’affût, EDF est menacée d’être coupée en deux et privatisée pour ses activités les plus rentables, etc. La convergence des mobilisations devient impérative pour arrêter le massacre.

Un chantier urgent pour les communistes


Construire un projet ambitieux de développement de la filière industrielle énergétique, en cohérence avec le mix énergétique choisi et les défis climatiques, est une urgence. Il suppose une reprise en main publique de la filière, des financements hors des critères de rentabilité à court terme des marchés financiers, et des structures de contrôles démocratiques. L’élaboration collective d’un tel projet implique la mise en réseau des communistes sur toute la filière et des échanges avec les syndicats des divers secteurs. Les mobilisations locales, portant leurs exigences propres, mais s’inscrivant aussi dans projet de filière partagé, n’en auraient que plus de force.
Se donner pour objectif de tenir des « états généraux de l’industrie de l’énergie » est la contribution que les communistes peuvent apporter aujourd’hui à la construction d’un rapport de force qui contraigne E. Macron à cesser de sacrifier les intérêts fondamentaux du pays sur l’autel de la finance internationale.

 

Evelyne Ternant
secrétaire départementale
membre du CN