Haïti : Répondre à l'appel à solidarité du peuple haïtien en danger !

Depuis 2018, le peuple haïtien se mobilise contre le pouvoir corrompu et autoritaire de Jovenel Moïse. Les manifestations populaires massives ont été réprimées dans le sang, plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie mais le président haïtien continue de bénéficier au plan international du soutien de son marraine officieuse, l'Administration étasunienne, et de l'UE et même – sous couvert de son élection au suffrage universel – d'une partie des instances des Nations unies.

Ponte de l'agroalimentaire qui a fait sa fortune, colossale, dans la banane, Jovenel Moïse mène une politique au diapason des exigences du Fonds monétaire international (FMI) par une libéralisation forcenée de l'économie du pays favorisant les 20 % de privilégiés qui se partagent à eux seuls près de 65 % des richesses nationales. Sous son mandat, la corruption s'est poursuivie et encore étendue alors que le pays est l'un des plus pauvres de sa région, et même du monde. La moitié de la population ne dispose que deux dollars par jour pour survivre. Des centaines de millions de dollars d'aide au développement et de dons humanitaires ont été détournés au vu et au su de tous, notamment des fondations étasuniennes qui exercent une main mise sur les programmes de développement de l'île. Depuis le 13 janvier 2020, seul un tiers des sénateurs siège encore et, comme ce fut le cas en 2015, Haïti n'a plus de réel parlement. C'est donc le chef de l’État, seul, qui gouverne – à coup de décrets comme à coup de matraque, au milieu d'un silence gêné mais convenu, un véritable silence complice, des puissances internationales.

Il y a une semaine, alors que la plus haute instance juridique du pays, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, a constaté selon les termes de la Constitution la fin du mandat présidentiel au 7 février 2021 et nommé un président par intérim, Jovenel Moïse a répliqué en multipliant les arrestations arbitraires pour « complot contre la sûreté de l’État » et renforçant la répression contre les manifestants, pourtant soutenus par tous les secteurs de la société, la confédération des barreaux ainsi que la conférence épiscopale et les églises protestantes, qui exigent tous son départ et l'organisation d'un scrutin démocratique, libre et transparent.

Ainsi que le souligne l'écrivain Lyonnel Trouillot dans son Appel à solidarité pour peuple en danger, le 8 févier, c'est l'ombre des « tontons macoutes » qui plane à nouveau sur Haïti et c'est la dictature qui s'avance.

Le Parti communiste français (PCF) tient à renouveler son soutien et sa solidarité avec le peuple haïtien, avec tous les secteurs en lutte, notamment les enseignants, pour leurs droits sociaux, la justice sociale, les libertés et la démocratie en Haïti. Le PCF appelle à la solidarité internationale la plus large avec le peuple haïtien qui endure des décennies de prédation, d'ingérence, d'exploitation et de violence politique.

Le PCF demande instamment aux autorités françaises de condamner avec fermeté les actes de répression de Jovenel Moïse et de prendre une initiative déterminée sous égide des Nations unies pour la mise en place d'un vrai processus de transition et d'une conférence nationale comme le demande le mouvement populaire haïtien.

Parti communiste français
Paris, le 16 février 2021