Hebe de Bonafini, un exemple de lutte et de courage s’en est allé

C’est avec tristesse que nous avons appris la mort de Hebe de Bonafini, présidente de l’Association des Mères de la place de Mai et militante historique pour les droits humains et la justice sociale en Argentine.

Née en 1928 dans une famille ouvrière, mère au foyer, sa vie changea après le coup d’État militaire du 24 mars 1976, lorsque ses fils Jorge Omar et Raúl, étudiants et militants de gauche, puis sa belle-fille María Elena Bugnone Cepeda, furent arrêtés par la dictature, torturés et victimes de disparition forcée.

Lancée à la recherche de ses proches, elle rejoignit dès 1977 l’organisation naissante des Mères de la place de Mai, dont elle devint la présidente deux ans après. Au plus fort de la terreur d’extrême droite qui s’abattait sur l’Argentine et tout le Cône sud, elle pris la tête d’un combat collectif d’un extraordinaire courage pour protéger les détenus, faire éclater la vérité et dénoncer les crimes contre l’humanité commis par la dictature civico-militaire. Le foulard blanc, emblème des mères de la place de Mai, est devenu un symbole indissociable de la lutte pour la démocratie.

Après le retour de la démocratie, elle poursuivit sa lutte pour la justice, contre l’oubli et l’impunité. Un engagement pour la justice qui la mena à s’opposer résolument aux brutales politiques néolibérales qui conduisirent des millions d’Argentines et d’Argentins à la misère et à la révolte au cours des années 1990 et 2000, puis à soutenir les gouvernements progressistes de Néstor et Cristina Kirchner.

Le Parti communiste français (PCF) s’incline devant la mémoire de Hebe de Bonafini, dont le courage et la détermination continueront à inspirer des générations de militants pour la justice sociale, en Argentine et à travers le monde. À l'heure où les forces d'extrême droite, héritières du fascisme, des dictatures et de leurs crimes, se redéploient en Amérique latine, en Europe et dans le monde, poursuivre son combat est une nécessité indispensable.

Il fait sien sa consigne : « Le jour où je mourrai, vous ne devez pas pleurer. Vous devez danser, chanter, faire la fête sur la place de Mai, car j’ai fait ce que je voulais, dis ce que je voulais, et me suis battue de toutes mes forces ».

Parti communiste français
Paris, le 22 novembre 2022