Il y a urgence à casser l’engrenage guerrier de l’OTAN

Lundi 24 janvier, l’OTAN publie une déclaration mensongère dans laquelle l’Alliance atlantique prétend qu’elle ne poursuit qu’un but défensif et qu’aucune présence militaire n’était déployée à l’Est du continent avant 2014. Cela ne correspond pas à la réalité.

On pourra rappeler qu’en dépit des promesses répétées faites à la Russie dans les années 1990 que l’OTAN ne s’étendra pas au-delà de l’Allemagne, et malgré le fait que le très conciliant Boris Eltsine siégeât alors au Kremlin, l’Alliance a commencé son extension vers l’Est dès 1999. Par ailleurs, les premières installations du bouclier anti-missiles furent décidées au sommet de l’OTAN tenu à Lisbonne en 2010.

out cela illustre le fait que la principale menace sur la paix et le principal fauteur de guerre sur le continent est l’OTAN. L’OTAN, c’est la guerre.

La politique de tensions entretenue par l’Alliance, les États-Unis et la Grande-Bretagne, et soutenue par les gouvernements baltes et polonais, est d’une très grande gravité. Ces derniers jours, les annonces se sont accumulées : livraison de missiles anti-chars à l’Ukraine par les États-Unis, livraison de matériel pour la marine de guerre ukrainienne par la Grande-Bretagne d’une valeur de 1,7 milliard de livres sterling, annonce par Emmanuel Macron d’un déploiement militaire français en Roumanie, en appui du millier de soldats américains déjà présents dans le pays, mise à disposition de 8 500 soldats américains… Que dire également des tentatives en cours en Suède et en Finlande de lancer ces pays neutres dans la voie de l’intégration à l’OTAN ?

S’il est évidemment positif que les discussions politiques se poursuivent dans des cadres divers, la fébrilité diplomatique actuelle montre son impuissance à sortir des logiques guerrières.

Dans son discours devant les parlementaires européens, le 19 janvier dernier, Emmanuel Macron a fait part de sa volonté de « maintenir le dialogue » avec la Russie. Un communiqué de l’Élysée du 24 janvier souligne la nécessité de trouver un « chemin de désescalade ». Encore faut-il fonder de telles intentions sur une proposition diplomatique et politique concrète. Or, les actions du président français vont à l’encontre d’un tel objectif. Son idée de négocier d’abord entre Européens, avant de négocier dans le cadre de l’OTAN, pour faire une proposition à la Russie est le meilleur moyen de n’aboutir à rien.

Il y a urgence à faire une offre politique. La France peut et doit en prendre l’initiative. Elle ne peut évidemment pas se faire dans le cadre de l’OTAN. Il est hautement improbable qu’elle puisse se faire dans celui de l’UE.

Cette action politique doit couvrir plusieurs aspects :

  • Geler tout déploiement militaire supplémentaire et rappeler les militaires français déployés en Estonie.

  • Réaffirmer la position prise par la France lors du sommet de Bucarest de 2008 qu’elle s’opposera à une extension de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie.

  • Utiliser le cadre du format Normandie de suivi de l’application des Accords de Minsk sur le Donbass. Pour cela, l’Ukraine doit respecter ses engagements internationaux, pris lors de la dernière réunion de ce type en 2019, de démilitariser la ligne de front et de lancer un processus de décentralisation du pays.

  • D’une manière globale, appeler à la réunion d’une conférence de paix et de sécurité collective en Europe, incluant la Russie et les États voisins, afin de mettre l’ensemble des sujets sur la table : militaires, énergétiques, informationnels, territoriaux, désarmement… Ce qui était possible en pleine guerre froide avec la conférence d’Helsinki est encore plus nécessaire aujourd’hui.

Comme le souligne Fabien Roussel, la France doit sortir de l’OTAN, ce reliquat belliciste de la guerre froide, pour s’engager dans la construction d’un espace commun de paix, de coopération et de sécurité collective. Comme ce fut le cas déjà à Helsinki, la question de la sécurité collective ne comprend pas uniquement les questions militaires, mais inclut aussi les questions environnementales, scientifiques, et démocratiques. Le PCF a une position et des propositions fortes à faire valoir sur cette question dans le cadre de la campagne électorale.

Vincent Boulet
membre de la Commission des relations internationales du PCF
responsable des questions européennes