Il y a urgence à faire autrement !

Le rebond du virus Covid-19 est annoncé chaque jour par Santé publique France et relayé par les médias, avec son lot d’incertitudes quant aux mesures sanitaires censées freiner sa progression. Néanmoins, ce que l’on peut qualifier de sûr et certain et qui a été mis en exergue en mars/avril 2020 lors du début de la crise sanitaire que nous connaissons, c’est le manque de lits, le manque de personnels à l’hôpital public et dans les Ehpad qui perdure et même s’amplifie !

Cela continue donc. Aucune leçon, aucune stratégie cohérente et conséquente vis-à-vis de l’hôpital public n’a été mise en place par le gouvernement Macron/Castex/Véran pour faire face avec responsabilité à un virus qui, aujourd’hui, ne bénéficie d’aucun traitement fiable, ni d’un vaccin certifié. Ah si, une négociation historique dixit le gouvernement en juillet : le Ségur de la santé. Censé calmer la colère des soignant·e·s et des personnels hospitaliers avec une augmentation des salaires, légitime mais en deçà des attentes, de 183 euros, ce protocole d’accord n’a rien résolu quant à leurs conditions de travail, si ce n’est une remise en cause des 35 heures avec gestion de la pénurie des effectifs par des auto remplacements, la contractualisation individuelle des heures supplémentaires, un accord d’intéressement contraire à l’éthique du service public. C’est toujours aujourd’hui le même casse-tête dans les services de soins pour trouver ici des lits, là du personnel, et la plupart du temps les deux. Et pour être sûr qu’ils se plieront aux « nécessités du service », les ARS commencent à déclencher des « plans blancs » avec de nouvelles déprogrammations de patient·e·s et des réquisitions rendues ainsi possibles des soignant·e·s. Fin septembre, les ARS ont même osé lancer un appel à volontariat afin de renforcer les équipes des établissements sanitaires et médico-sociaux alors que tout le monde réclame des embauches !

Enfin, devant le risque d’un nouveau rebond de l’épidémie Covid-19, accompagné cette fois-ci par celle des infections saisonnières pouvant provoquer une nouvelle saturation des services de réanimation (qui sont revenus à la case départ en nombre de lits), O. Véran vient d’annoncer une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’euros de manière à pouvoir ouvrir 4 000 lits dans l’ensemble des hôpitaux de notre pays dès le mois de décembre et avant s’il le faut.. .à la demande. Mais qui va décider d’une réouverture des lits et avec quel personnel pour fonctionner, alors que les fermetures de services continuent et que les soignant·e·s sont épuisé·e·s, lassé·e·s et en colère qu’on n’entende pas leurs difficultés ?

Des effets d’annonces mais rien de concret sur le terrain. Ce gouvernement ne change pas de cap et profite de la crise sanitaire pour accélérer le rythme de destruction du système public hospitalier. Et ce n’est pas le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) en discussion actuellement au Parlement qui va répondre aux attentes des hospitaliers et aux besoins urgents de santé. Le slogan du PCF, « De l’argent pour l’hôpital, pas pour le capital », est plus que jamais d’actualité, quand aujourd’hui le gouvernement lâche sans condition 100 milliards qui vont financer les suppressions d’emplois décidées bien avant la Covid par les entreprises du CAC40 et réserve des... miettes pour la santé !

Nous avons fait des propositions, avant et après le confinement, avec une urgence selon nous, l’emploi tout de suite. Tout doit être mis en œuvre pour des pré-recrutements avec un pré-salaire, une formation de qualité diplômante et un emploi garanti.

Ce sont 100 000 embauches dans les hôpitaux publics et dans les Ehpad qu’il faut planifier tout de suite par un plan massif d’investissements, avec l’ouverture pérenne de lits nécessaires à toutes les prises en charge. L’arrêt indispensable des restructurations doit s’accompagner d’un moratoire, notamment sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT).

Nous réclamons la reprise intégrale de la dette hospitalière, la suppression de la taxe sur les salaires et le remboursement de la TVA, la fin du financement à l’activité (T2A) afin de redonner un peu d’air à nos hôpitaux publics. Enfin, la reconquête d’une Sécurité sociale de haut niveau est incontournable pour une véritable réponse démocratique aux besoins de santé de notre XXIe siècle.

Le 15 octobre, journée de mobilisation dans la santé, le médico-social et le social, le PCF sera dans la rue avec les personnels des hôpitaux, des Ehpad, des établissements médico-sociaux pour exprimer leur ras-le-bol et exiger ensemble des mesures immédiates.

Maryse Montangon, responsable nationale du collectif Santé, protection sociale