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Qui ne l'a senti ? Le vent du boulet nous a frôlés ce 24 avril. La prochaine fois – si rien ne change – nous n'y couperons pas, la France n'y coupera pas.

Il est illusoire de croire que le danger d'une prise du pouvoir dans notre pays par l'extrême droite est écarté, ne fût-ce que pour les cinq années à venir. Le RN de Marine Le Pen, secondée par ses acolytes zemmouriens en tout genre, est arrivé en tête dans 29 départements métropolitains et ultra-marins, contre deux en 2017. C'est en profondeur que la société française est déchirée et travaillée par l'extrême droite dont l'influence idéologique n'a cessé de croître de complaisances en renoncements, de tactiques délétères en calculs égoïstes. Elle est en position de force dans ce contexte, d'une part, de prégnance du populisme dont elle incarne une des facettes et, d'autre part, de recomposition politique généralisée, aussi bien dans le camp social-démocrate que dans le camp réactionnaire.

Le combat contre l'extrême droite non seulement continue mais aborde même une nouvelle phase. Il faut la combattre sur tous les terrains et de manière offensive.

Dès les législatives de juin, l'ensemble des formations de gauche, dans la richesse de leur diversité, devront additionner leurs forces pour empêcher le RN et ses alliés de conquérir une majorité à l'Assemblée nationale, et en mettant en échec, dans le même mouvement, l'ambition d'Emmanuel Macron d'atteindre le même objectif dans l'hémicycle afin d'avoir les coudées franches pour poursuivre sa politique de guerre sociale.

Tout doit être entrepris par les forces de gauche pour répondre sans tarder aux urgences sociales et aux espérances politiques exprimées par les près de 15 millions d'électeurs de gauche à la présidentielle, par des millions de nos concitoyennes et concitoyens actrices et acteurs des mobilisations sociales de ces six dernières années – depuis les luttes contre les lois Travail, contre la réforme des retraites, la mobilisation des personnels hospitaliers ou la crise des Gilets jaunes jusqu'aux voix qui se sont exprimées lors de la convention Climat qu'Emmanuel Macron a savamment enterrées. Leurs vies, la vie, doivent changer, sans plus tarder.

Si un coup d'arrêt n'est pas mis à la politique du locataire de l’Élysée et si la gauche continue de s'enferrer dans ses divisions, une voie royale s'ouvrira pour les forces ultranationalistes, ultralibérales et réactionnaires. Et ce coup d'arrêt passe nécessairement par disputer à Macron comme à Le Pen la majorité à l'Assemblée nationale, et par gagner. Une fois remportées les législatives, c'est le mouvement populaire qui devra être l'indispensable et unique maître d’œuvre et artisan du changement.

Les expériences internationales récentes, quels que soient les systèmes électoraux d'ailleurs, ne manquent pas dans le monde pour donner à réfléchir à celles et ceux qui, parce qu'elles et ils en ont le vital besoin, aspirent à de profondes transformations sociales en France aptes à sortir notre pays des insécurités et précarités qu'impose la logique capitaliste au monde du travail et de la création.

Pour les commentateurs de la vie politique, l'international demeure toutefois un « étrange » domaine tantôt « trop compliqué », tantôt « très réservé », souvent « bien secondaire ». Une manière en fait de continuer de considérer que la France, l'Occident, sont des modèles auxquels la majorité des peuples du monde devrait admiration et reproduction pour accéder à un prétendu stade supérieur de civilisation.

Ainsi, bien que « percutée » par le déclenchement de la guerre en Ukraine et son impact sur les conditions de vie et de travail des peuples d'Europe et du monde, cette campagne se sera déroulée vaille que vaille, dans les débats médiatiques, comme si tout ce qui relève de l'international nous était extérieur et constituait soit une menace soit une gêne.

Pourtant, Français-e-s ou pas, nous sommes au monde, et nous participons à ses bouleversements. Pourtant, encore, le monde est autant facteur d'espoirs et d'espérances qu'il peut être facteur d'inquiétudes selon que l'on pense avoir prise ou non sur le cours des événements. Rien de bien différent en somme avec les luttes locales ou nationales qui naissent de l'injustice et de la volonté de maîtriser son destin, le sien comme celui de la collectivité.

Ce que les peuples du monde vivent dans leur singularité ne nous est pas indifférent. Si nous nourrissons l'espoir de sortir notre pays des crises qui le minent et si nous considérons que de telles évolutions contribueraient à changer le monde, alors cessons de faire comme si notre pays ne participait pas pleinement à sa marche – sans prétendre la diriger pour autant mais sans la subir non plus. « Libre et égaux », en somme.

Sans chercher non plus de « modèle » ou de guide, tenter de prendre en considération – pour ce qu'ils sont et pour ce à quoi ils contribuent au plan international – les mouvements populaires, sociaux, politiques, artistiques et culturels des peuples avec lesquels nous partageons la planète Terre, constitue un premier pas vers l'internationalisme qui consiste, pour les forces du travail et de la création du monde, à rassembler leurs forces pour défendre leurs intérêts, les défis communs et l'intérêt général.

En une période où la poussée des forces ultranationalistes européennes débouche sur le retour en Europe de la guerre conventionnelle (c'est-à-dire, une guerre « symétrique » opposant deux armées et États), c'est l'émergence de puissantes mobilisations internationalistes qui fera reculer les nationalismes et ouvrira, en arrachant conquêtes sociales et politiques, une perspective concrète de dépassement de l'ordre capitaliste existant.

C'est la profonde conviction des communistes, la raison d'être du PCF, et c'est l'objectif auquel tendent quotidiennement leur action et leurs interventions politiques

Lydia Samarbakhsh
membre du CEN,
responsable du secteur International