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Les forces réactionnaires ont pris la fâcheuse habitude de semer d’immondes pièges au travers de la route des peuples et du progrès. Il en va ainsi des guerres, qu’elles soient dites « préventives », « humanitaires » ou « contre le terrorisme ». Il en va également des pièges de l’obscurantisme religieux ou, sans tenir compte des leçons du passé, de l’extrême droite.
Les semaines écoulées en sont une sinistre illustration.

En France tout d’abord, où Macron et son entourage brouillent toujours plus les repères et travaillent à une montée de l’extrême droite pour assurer sa présence au second tour de la présidentielle de 2022. Le débat ignoble sur France 2 entre le ministre de l’intérieur et la chef du RN s’inscrit dans cette dérive. Et depuis des mois, les porte-flingues de Le Pen se succèdent à la télé, donnant des leçons sur la lutte contre la pandémie. Ils font croire qu’ils feraient mieux que la droite au pouvoir. Pourtant, personne ne leur oppose le bilan effroyable de leurs modèles aux États-Unis sous Trump, qui franchissent le demi-million de morts, ou Bolsonaro au Brésil.

Comme si cela ne suffisait pas, la ministre française de l’enseignement supérieur, incapable de répondre à la détresse des étudiants, fait diversion en agitant le chiffon d’un prétendu « islamo-gauchisme » au sein des universités, jargon utilisé habituellement par l’extrême droite. Cela a valu le recadrage du CNRS, et un appel de 600 universitaires réclamant sa démission. Comme tous ceux qui se fourvoient dans des débats identitaires sans issue en évacuant les aspects historiques et de classe, la ministre sème la confusion.

Si le gouvernement veut s’attaquer aux supports de l'islam politique, les pistes sérieuses ne manquent pas. Il pourrait ainsi revoir les liens que la France officielle entretient avec des pétro-dictatures qui favorisent l'expansion des frères musulmans ou du salafisme, et se poser des questions sur l’intervention militaire de la France au Mali qui n’a en rien arrêté le développement de l’obscurantisme. Sans parler des ventes d’armes françaises utilisées dans la sale guerre au Yémen, dont on se demande quel monstre obscur surgira des ruines. Paris reste de marbre, alors même que Joe Biden vient de suspendre des livraisons d’armes.

Partout en Europe, un vent mauvais circule. L’extrême droite fait des percées au Portugal et en Catalogne. En Italie, Mario Draghi, ex-gouverneur de la Banque centrale européenne, vient de s’allier avec la ligue de Matteo Salvini. Une alliance très peu relayée en France car elle est gênante pour l’opération Macron/Le Pen. C’est dire si les digues sautent et à quel point le capital et ses relais qui ne peuvent pas résoudre l’équation des crises économique, environnementale et sanitaire, utilisent l’extrême droite pour espérer protéger leurs intérêts et empêcher une issue de progrès.

Sur ce dernier point, et pour faire croire qu’ils agissent dans l’intérêt des peuples et de la planète, les pays du G7 ont émis un communiqué rempli de belles intentions. Elles masquent mal le refus de changer de cap, notamment en matière de vaccins.

Et les pays du G7 le jurent : « nous mettrons nos ambitions en matière de changement climatique et de lutte contre la perte de biodiversité au cœur de nos politiques ». Un propos contredit par leur volonté d’encourager « des économies et des sociétés ouvertes ». Traduisez : levons toujours plus les obstacles au libre-échange intégral, à l’extractivisme et à la course aux profits, même si cela aura des conséquences pour la planète et les hommes.

Dominique Josse