L’emploi ? Carrefour des exigences, des luttes et de la politique

Le Conseil national du PCF des 5 et 6 septembre a décidé d’engager une bataille de longue haleine pour l’emploi. Cette campagne vise à la fois une bataille d’idées et à mettre en cause les pouvoirs politiques. Il s’agit aussi d’organiser le Parti et de gagner des avancées concrètes. L’enjeu : faire le lien entre luttes existantes ou exigences populaires, et « politique ». C’est notre façon à nous de poser la question du changement politique.

Ainsi nous aurions, d’une part, 5 revendications dans une pétition nationale (refus des licenciements et droit de contre-propositions avec des moyens financiers, embauches massives dans les services publics, augmentation des différents salaires, plan jeunes, Fonds pour l’emploi et la formation). D’autre part, nous porterions l’exigence d’institutions politiques nouvelles, incarnant cette dimension politique, des « Conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique », au niveau territorial, régional et national, munies de fonds faisant levier sur les banques et entreprises. Nous les revendiquerons aussi dans les élections.

L’emploi est une question politique, car c’est une question de pouvoirs et de logique. Dans le capitalisme, l’emploi est traité au mieux comme un solde et essentiellement comme un coût face à la rentabilité financière du capital.

La crise frappe déjà durement (- 800 000 emplois, pauvreté, recul historique de la consommation). Elle va frapper plus violemment encore. Le gouvernement veut faire croire qu’il fait ce qu’il peut. Or, ce n’est pas vrai. Il appuie le capital. Le plan Castex ce sont des milliards pour le capital et les profits et surtout des mots pour l’emploi et les productions écologiques !

Il faut une autre logique : au lieu de mettre l’investissement et le capital d’abord, mettre l’emploi d’abord avec une sécurité de revenu. Car l’emploi, avec la formation, est un levier d’efficacité au service d’une nouvelle production, écologique, dans nos territoires, et c’est l’investissement qui doit l’accompagner.

Nos gouvernants ont reconnu un temps qu’il fallait « sécuriser et préserver les compétences ». Mais, en fait, ils appuient les licenciements des grands groupes et confortent le principe du chômage. C’est révoltant. Mais cela montre aussi le mûrissement des idées dans notre société sur lequel s’appuyer.

Donnons aux batailles sur l’emploi le sens de différents chantiers d’un système de sécurité d’emploi et de formation (SEF). Mettons en cause les pouvoirs patronaux et ceux de l’État ou des Régions qui les accompagnent. Posons dans les luttes des questions politiques : Quelle action publique sur les entreprises et les banques ? Avec quels critères et quelle démocratie ? Posons la question d’un projet de société : Précarité ou sécurité ? La SEF est un projet d’émancipation par une efficacité nouvelle, où la formation de chacune et chacun devient un but en soi, avec une réduction du temps de travail y compris tout au long de la vie, et une libération du marché du travail par une sécurité de revenu dans une mobilité de progrès, incluant d’autres activités que l’emploi ou la formation.

Au fond, notre projet de sécurité d’emploi ou de formation est un projet de société, une visée, qui donne sens aux luttes et aux différentes revendications (emploi, RTT, développement des services publics, autre production écologique, formation, salaires, qualifications, émancipation, retraite, égalité femmes-hommes, lutte contre les discriminations, droits nouveaux des travailleurs et des habitants, etc.).

Des cellules de veille et de suivi de l’emploi vont être mises en place dans les fédérations, ainsi qu’une une cellule d’animation nationale.

Une pétition nationale est lancée. Elle est en ligne sur le site du Parti.

Des réunions publiques peuvent être organisées et des comités de défense de l’emploi mis en place.

Les 9 et 10 octobre, dans chaque département nous allons porter nos exigences auprès des pouvoirs publics, préfets, conseils régionaux, etc., pour exiger que l’argent public et celui des banques soit utilisé pour l’emploi, les salaires et les services publics. Nous demanderons que soient mises en place des Conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation écologique, démocratiques, dotées de pouvoirs et de moyens.

Frédéric Boccara, membre du CEN,responsable secteur Économie, travail, mondialisation économique, argent des entreprises.