La France doit ratifier le traité d'interdiction des armes nucléaires

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Le 4 janvier 2022, les chefs d’États et de gouvernements des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont publié une déclaration commune en vue de prévenir la dissémination et la guerre nucléaires dans laquelle ils reconnaissent qu’une « guerre nucléaire ne peut être gagnée ».

S’il faut se réjouir de cet éclair de lucidité au moment où le climat international ne cesse de se dégrader et, plus particulièrement, dans la zone indo-pacifique, en Europe de l’est ou au Moyen-Orient, il n’en demeure pas moins que les politiques conduites par ces mêmes États demeurent en complète contradiction avec cette prise de position.

Ces puissances détiennent, en vertu du Traité de non-prolifération (TNP), l’essentiel des têtes nucléaires : soit 6 255 pour la Russie, 5 500 pour les États-Unis, 350 pour la Chine, 290 pour la France et 225 pour le Royaume-Uni. Elles n’entendent pas renoncer à leur arsenal et se sont engagées dans un processus de modernisation de leurs armements à hauteur de plusieurs centaines de milliards. Afin de justifier l’injustifiable, elles prétendent disposer d’armes de dissuasion crédibles pour garantir leur sécurité. De tels arguments font le lit de la prolifération qu’elles se targuent de combattre. A cela s’ajoutent des investissements massifs dans de nouveaux types d’armes nucléaires, plus maniables, abaissant de fait le seuil de risque de conflit nucléaire.

Ainsi l’administration de J. Biden devrait annoncer, dans le cadre de la Nuclear Posture Review, ses priorités pour la modernisation de la triade nucléaire (sol, air, mer). Quant à la Russie, elle dépense sans compter des ressources considérables depuis dix ans dans toutes les composantes de son arsenal. Les trois autres puissances ne sont pas en reste. La France, de son côté, consacrera, avec le soutien massif du secteur bancaire, 37 milliards d’euros jusqu’en 2025 à l’entretien et la modernisation de ses équipements.

Les autres pays possesseurs de têtes nucléaires : l’Inde (156), le Pakistan (165), Israël (90) et la Corée du Nord (entre 40 et 50) s’inscrivent dans le même sillage.

Pour accorder leurs actes à leurs paroles, les membres permanents du Conseil de sécurité auraient pu décider d’adhérer au Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui est entré en vigueur le 22 janvier 2021.

Ratifié par les deux tiers des États membres de l’ONU, ce traité international rend illégaux la possession, l’entretien et l’usage d’armes nucléaires. Il complète ainsi un ensemble de textes multilatéraux sur les armes biologiques, chimiques ou de destruction massive.

En refusant de ratifier le TIAN, les puissances nucléaires affichent leur mépris à la face du monde et se comportent comme si le TNP leur accordait indéfiniment un droit de préséance sur l’arme nucléaire alors qu’il s’agit, pour le bien commun de l’humanité et la sauvegarde de notre planète, de respecter le droit international et d’éradiquer définitivement la menace nucléaire.

Ainsi, la France doit se joindre au mouvement mondial pour l’élimination progressive et multilatérale des armes nucléaires en signant et ratifiant le TIAN. Fabien Roussel, candidat du PCF à l’élection présidentielle, en a pris l’engagement.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient