La Nupes et la question majoritaire à gauche en Europe

visuel_rass-nupes.jpg

Grâce à la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), l’enjeu des élections législatives des 12 et 19 juin prochains est, d’une part, de contester à Macron le fait qu’il ait toutes les cartes en main pour poursuivre sa politique de destruction démocratique et sociale. Ce serait une première victoire, et la gauche et les classes travailleuses en ont besoin. Il est aussi, d’autre part, de sortir la gauche de la marginalisation politique et de lui faire retrouver la voie de la majorité politique. La conclusion de l’accord de la NUPES, sans en nier ni les difficultés, ni les contradictions importantes, ni le rapport de force qui s’exerce en son sein, est un outil nécessaire. Bien évidemment, l’avenir de la coalition se jouera à la fois dans les urnes mais aussi dans le fait que l’ensemble de ses composantes ne soit pas soumise à une quelconque tentation hégémonique et soit en mesure de constituer un groupe parlementaire, en particulier en ce qui nous concerne. Mais il est possible de changer de politique en France et, par conséquent, d’ouvrir une nouvelle voie en Europe.

Il est intéressant et utile de prendre en compte ce que nous disent nos camarades en Europe. Dans l’immédiat, la coalition crée l’évènement en France mais également au-delà des frontières. Elle suscite beaucoup d’intérêt et d’espoir en Europe. Le rôle positif de force de proposition que joue le PCF pour y parvenir, à travers les décisions de son CN et les conférences de presse de Fabien Roussel, est salué largement dans les rangs de la gauche en Europe. Le fait que la gauche en France sorte de la marginalisation politique dans laquelle elle se trouvait depuis de nombreuses années amène de la nouveauté en Europe, alors que, au même moment, des forces européennes sont confrontées à des difficultés structurelles voire existentielles, à l’image de Die Linke en Allemagne. Le fait également qu’au sein de la gauche française, le PCF en soit le pôle de stabilité, est reconnu.

L’avenir de la NUPES dépend aussi de sa capacité à répondre à l’aspiration à une nouvelle majorité politique et sociale dans le pays et à s’appuyer sur le mouvement social, dans le contexte des crises et de l’instabilité qui va marquer le second quinquennat de Macron.

Il est toujours intéressant de regarder les bases politiques et sociales ainsi que les dynamiques qui portent les ambitions majoritaires des forces de gauche en Europe et les défis auxquelles elles sont confrontées, en prenant évidemment en compte les particularités des différents contextes nationaux.

Les débats du dernier congrès de Syriza, qui s’est tenu en avril, ont précisément porté sur cette question, alors que le parti prépare un nouveau programme de gouvernement dans l’optique de prochaines élections législatives, en essayant de tirer les leçons des échecs du gouvernement de 2015-2019. En Espagne, nos camarades du PC d’Espagne et de la Gauche Unie, dans le cadre d’Unidas Podemos, participent à un gouvernement de coalition de gauche. Plusieurs leçons peuvent en être tirées. La première est qu’il est possible de constituer un gouvernement d’union de la gauche sur des bases permettant de stopper l’offensive néolibérale et d’obtenir des mesures sociales progressistes. La seconde est qu’à l’intérieur du gouvernement, les différentes composantes ne sont pas obligées d’avoir un accord total sur l’ensemble de la politique à mener. Les questions internationales, par exemple, font l’objet d’importantes différences. Mais cela n’empêche pas d’agir dans un gouvernement commun. Enfin, il faut également se préparer à la réaction brutale du bloc bourgeois, de la droite qui, en Espagne comme en France, se radicalise.

La question du bloc social sur lequel reconstruire la gauche, celle des moyens de la construction d’une perspective majoritaire, celle des contours stratégiques et programmatiques aptes à porter une politique de rupture avec le néo-libéralisme et à faire reculer le danger raciste et autoritaire de l’extrême-droite, et celle des formules politiques permettant d’y parvenir sont bien au cœur des enjeux de la gauche de transformation sociale en Europe.

 

Vincent Boulet
responsable des Affaires européennes pour le PCF
membre de la commission des relations internationales