Le congrès du PGE

Vincent Boulet rapportait, au dernier CN, sur le prochain congrès du Parti de la gauche européenne (PGE), les 13-15 décembre, à Malaga (Espagne). Extraits.

C’est un enjeu important
à trois titres

I. Premièrement, pour la gauche en Europe. Le PGE est aujourd’hui dans une situation paradoxale. D’une part, il a essuyé le contrecoup des échecs et de la crise de la gauche européenne ces dernières années, de l’échec du gouvernement de Syriza en Grèce du fait de l’insuffisance des rapports de force en Europe et en Grèce même, au recul global de la gauche européenne aux dernières élections européennes qui ont vu le groupe parlementaire de la GUE-NGL s’affaiblir numériquement et politiquement. Il a également souffert d’entreprises de division, à l’image de la tentative mélenchoniste dite de « Maintenant le peuple ».

De tout cela a résulté une certaine dévitalisation politique du PGE et le renforcement de débats sur sa visibilité, voire son utilité. D’autre part et malgré cela, le PGE demeure le seul regroupement à un niveau continental des forces de gauche structuré dans la durée. Il n’y en a pas d’autre. (...). Mais ces forces se retrouvent, dans leur diversité, sur une ambition, celle de porter le projet d’un « nouveau contrat social entre les peuples souverains et solidaires en Europe », ce qui implique de « sortir de l’austérité et des logiques libérales des traités européens » (document politique du congrès de Berlin en décembre 2016). « Le Parti de la gauche européenne défend la perspective socialiste, définie comme une société de justice fondée sur la mise en commun des richesses, des moyens de production et sur la souveraineté des choix démocratiques, en harmonie avec les ressources limitées de la planète. Il rejette le capitalisme, générateur d’inégalités, d’injustice, de pauvreté et de guerres, ainsi que le patriarcat et toute discrimination » (ibid.). Sur la base de cette réalité et de ces principes, le PGE est devenu un acteur important de la solidarité internationale et est reconnu comme un interlocuteur important par les forces de gauche au niveau international (…). En outre, depuis le congrès de Berlin, le PGE a pris l’initiative de lancer le forum annuel des forces de gauche, progressistes et écologistes, qui s’est réuni à Marseille en 2017, à Bilbao en 2018 et à Bruxelles les 8-9-10 novembre derniers. (…)
Les forces de gauche sont confrontées à des défis structurels communs (...)


Le PGE doit devenir un outil pour travailler aux rapports de forces et rendre possibles de nouvelles convergences et, pour cela, travailler et développer des campagnes qui donnent à voir qu’il est concrètement possible d’ouvrir des brèches dans la construction capitaliste de l’UE et la domination du capital d’une part, et de remettre en cause les traités européens, le pacte budgétaire austéritaire et antidémocratique et les mécanismes de contrôle de la Commission européenne d’autre part (question d’actualité car la Commission vient de pointer huit pays de l’UE pour « déficit excessif », dont la France et l’Espagne). Et pour une Europe qui respecte la souveraineté des peuples et des nations et permette des coopérations solidaires entre peuples associés. J’évoquerai rapidement quelques exemples : pour l’alignement par le haut des salaires ; pour la défense et le développement des services publics ; pour la lutte contre l’évasion fiscale ; pour une autre utilisation de l’argent en Europe ; pour l’égalité femmes-hommes ; contre les traités de libre-échange ; pour la dissolution de l’OTAN ; pour un modèle de développement incluant les décisions de la COP 21...(…)


Le projet de document politique (remis aux membres du CN). (…) se concentre sur trois questions majeures : à quelles urgences les peuples européens sont-ils confrontés aujourd’hui, et sur quelle base sociale une riposte est-elle possible ? Quel est le projet social, démocratique, féministe, pacifique, écologique que nous défendons pour les peuples d’Europe ? Quelles sont les tâches immédiates pour le PGE pour ouvrir une nouvelle phase dans l’histoire du PGE ? (...)


Le second enjeu du congrès concerne la question de ses instances. Le PGE est doté d’une structure à trois niveaux : la présidence, composée d’un président, actuellement Gregor Gyzi, et de quatre vice-présidents : actuellement Maite Mola pour le PCE, Pierre Laurent pour le PCF, Paolo Ferrero pour le PRC et Margarita Mileva pour la Gauche bulgare. Gregor Gyzi a annoncé qu’il ne se représentait pas. Le secrétariat politique est composé d’une dizaine de partis clés qui assurent le fonctionnement politique immédiat en lien et avec la présidence. Ces deux instances sont élues au congrès et il s’agit donc d’une bataille politique. Le bureau exécutif se réunit trois fois par an. Il est composé de deux membres à parité par parti membre et est ratifié par le congrès. Il faut également mentionner le rôle de la conférence des présidents, où les présidents des partis membres fixent les grandes orientations du PGE et où nous sommes représentés par notre secrétaire national Fabien Roussel. Il importe que les discussions sur la direction (présidence et secrétariat politique) se fassent selon les principes suivants :


1. Les équilibres et les principes politiques fondamentaux qui ont concouru à la naissance et au développement du PGE doivent être maintenus. (...)

2. Qu’elle soit représentative de la diversité politique et géographique de ses organisations membres, mais aussi qu’elle soit en mesure de travailler efficacement. (...)

 


II. Deuxièmement, le congrès du PGE représente également un enjeu pour le PCF. Nous en sommes tous conscients ici : en dépit de la campagne dynamique que nous avons menée avec la liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent » conduite par Ian Brossat, le PCF n’est pas, pour cette nouvelle mandature, représenté au Parlement européen. Cela a des répercussions sur nos relations et notre travail en commun et de solidarité internationale en Europe. Il est donc d’autant plus important de resserrer nos liens avec les organisations avec lesquelles nous entretenons des relations fraternelles et solidaires et avec les cadres européens auxquels nous prenons part. (…) Cela est valable également pour le PGE qui est, je le répète, le seul cadre européen transnational structuré dans la durée où les partis de la gauche européenne peuvent dialoguer et agir ensemble. Il est donc indispensable que le PCF soit présent dans son noyau directionnel. (...) C’est pour cela que nous faisons la proposition que le PCF soit candidat au congrès, garde une place de vice-président du PGE et une représentation au secrétariat politique en plus de sa place au comité exécutif du PGE.


Vous avez une proposition nominative qui est aujourd’hui soumise au vote du CN (candidat à une vice-présidence : Pierre Laurent ; candidat au secrétariat politique : Vincent Boulet ; au comité exécutif : Vincent Boulet et Lydia Samarbakhsh). De même qu’une proposition de délégation au congrès du PGE, également soumise au vote du CN (par ordre alphabétique : Balavoine Charlotte, Bidard Hélène, Boccara Frédéric, Boulet Vincent, Idir Mina, Lacaze Pierre, Laurent Pierre, Picquet Christian, Sabourin Anne, Samarbakhsh Lydia, Roussel Fabien, Ternant Muriel). Cette proposition comprend à parité 12 camarades, comme cela est la règle pour tous les partis dans les congrès du PGE. (...)


III. Troisièmement, sous un angle tout à fait différent. Ce congrès se déroulera en Espagne, dans une ville où le PCE et la Gauche Unie (organisation politique fédérale à laquelle le PCE participe) sont fortement implantés, alors que la gauche espagnole se trouve dans une situation inédite (...)