La semaine dernière, différents organes de presse écrite, essayaient d’ouvrir le débat sur l'exigence d'éliminer la faim dans le monde avec, entre autres, une interview de José Graziano da Silva, ancien directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Celui-ci y soulignait que l'éradication de la faim dépend de la volonté politique, faisant le constat amer que l'échéance fixée à 2030 par la communauté internationale pour atteindre cet objectif serait difficile à atteindre. Il est établi que la situation s’est profondément dégradée du fait des 2 années de pandémie de Covid que nous venons de vivre et, maintenant, de la guerre en Ukraine.

En effet, inflation, ralentissement de la croissance, effets du réchauffement climatique, spéculation sur les céréales sont les obstacles d’éradication (durable !) de la faim dans le monde. Le courage en politique est de maintenir cet objectif sans abandonner la date fixée (2030) pour son achèvement.

Le courage, en politique, c'est d'ouvrir dès à présent des perspectives notamment en affirmant que les céréales ne sont pas une marchandise « comme une autre » mais une denrée vitale et ouvrir le débat politique sur une série de questions à résoudre pour parvenir à supprimer la faim dans le monde. Par exemple, besoin est de se pencher sur le rééquilibrage des productions entre denrées destinées à l'alimentation animale (à réduire) et denrées destinées à l’alimentation humaine (à augmenter) ; s'interroger sur le besoin, ou non, de reconvertir une part des terres consacrées aux « agro-carburants » ; se pencher sur le problème de la diversification de notre alimentation et réévaluer la part des céréales ou d'autres produits, comme cela a déjà commencé pour la viande de bœuf.

Aucun pays ne réussira à être pleinement souverain sur le plan alimentaire sans politiques concertées ni solidarité et coopérations internationales, aussi faut-il mettre à l'ordre du jour de nouvelles conception et organisation de la coopération pour atteindre un stade de sécurité alimentaire mondiale.

Le temps presse, des millions de femmes et d'hommes, des dizaines de millions d'enfants, meurent encore de faim au XXIe siècle sur terre alors que nous disposons de moyens technologiques extraordinaires pour explorer l'univers. À quoi bon si la plus grande part de l'humanité en demeure exclue ?

Le deuxième tour des élections législatives en France, ce dimanche, peut déboucher sur un nouveau rapport de force politique grâce au rassemblement de la NUPES : c’est une chance.

Il faudra ensuite être au rendez-vous et avoir le courage d’affronter tous les débats nécessaires à l'émergence de nouveaux modes de production et de développement qui ne peuvent plus attendre ; et, plus largement, celui de permettre l'irruption des citoyens dans les choix politiques et, peut-être même, une nouvelle culture du débat.

La Fête de l’Humanité, les 9,10 et 11 septembre, sera sans conteste le lieu de l'expression de ce courage et un lieu incontournable de débat.

Cécile Dumas
responsable-adjointe du secteur International
chargée des questions migratoires et de l’Amérique latine