Le cri d'alarme des doctorant.es de l'ESR !

La situation sanitaire actuelle et les récentes mesures prises par le gouvernement pour y faire face ravivent cruellement les incertitudes des plus précaires de l'enseignement supérieur et la recherche.  
Doctorant.es ou jeunes docteur.es sont, une fois de plus, confronté.es au ralentissement, voire à l'interruption, de leurs travaux de recherche. Depuis mars 2020, les manifestations scientifiques ne cessent d'être annulées ou reportées, les places et les horaires des archives et bibliothèques sont limitées, les expériences en laboratoire et les terrains d'enquête en sciences humaines sont suspendus, les informations sur les campagnes de recrutement sont absentes, des dates d'audition sont décalées et des postes supprimés ne sont pas remis au concours. 
Pour sauver la recherche en cours, il faut répondre à l'urgence ! 
Des collectifs de précaires locaux et des doctorant.es élu.es dans les conseils centraux ont réussi à peser sur les décisions des directions universitaires. Mais cette politique à géométrie variable, selon les écoles doctorales et universités, n'est pas à la hauteur des enjeux. Une politique nationale d'ensemble doit être mise en œuvre en direction des jeunes chercheurs de ce pays. Les propositions de différents collectifs de précaires sont pourtant très claires pour prendre en compte les différents confinements ayant mis un coup de frein aux thèses en cours :
  • Financement ministériel d'une prolongation des contrats doctoraux pour une durée d'un an et une reconduction sur demande des ATER et Post-doc.
  • Non paiement des frais d'inscription pour l'année universitaire prochaine pour les doctorant.es.
  • "Année blanche doctorale" afin de ne pas décompter l’année 2020-2021 dans les années de préparation de la thèse.
Cette situation révoltante s’inscrit plus largement dans une casse planifiée de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis vingt ans et dont la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) n’est que le paroxysme. Pourtant, les doctorantes et doctorants sont ceux qui contribuent aujourd'hui et participeront demain aux réflexions et innovations scientifiques pour la France.
La mise en concurrence des personnels, des étudiants et des universités devenues des "marques" déqualifie le travail universitaire, intensifie l'exploitation et décourage l'engagement dans des carrières de chercheurs. La concentration des financements dans des appels à projets faramineux conduit à un surinvestissement de l'évaluation et à un gaspillage massif de la force de travail. Les financements sur projets au service de logiques de rentabilité immédiate limitent les points de vue dissonants et réduit les chances de découvertes.

La crise de la COVID a démontré que le sous-investissement dans la recherche scientifique en France conduit à des situations dramatiques pour l'ensemble de la population. Le projet du PCF tire les leçons de cette crise : il faut maintenir des stratégies de recherche à long terme sur les risques émergents. Contre la tendance à l'individualisation à outrance des carrières, seules les solutions collectives et pérennes de financement de l'emploi qualifié pourront participer à la construction d'une université populaire, sociale et émancipatrice. Il est donc nécessaire que l'ensemble des chercheur.se.s et doctorant.es se réapproprient l'université et que cette dernière soit définitivement éloignée des mécanismes destructeurs de la logique marchande capitaliste.