Le PCR célèbre le 60e anniversaire de sa fondation

Le Parti communiste réunionnais organisait les 26-27-28 octobre 2019 une conférence idéologique internationale.

Le PCR a invité le PCF à cette rencontre. Participaient, outre les invités et communistes réunionnais, les représentants des partis communistes de Cuba, d’Afrique-du-Sud, d’Inde, l’AKFM de Madagascar, des mouvements et associations des Seychelles, des Comores, de Chagosse.

Notre participation à cette conférence dans le cadre du 60e anniversaire du PCR s’inscrit dans une histoire singulière. En 1959, les communistes réunionnais, conduits par Paul Vergès, décident de créer leur propre organisation communiste comme un acte d’affirmation de « la conscience réunionnaise ».

Jusqu’alors fédération du Parti communiste français, les communistes créent leur propre parti et ce en plein accord du PCF. Le PCF sera le seul parti à accompagner un tel acte d’émancipation, correspondant à notre conception de peuples libres de choisir et d’affirmer leur destin.

S’il y eut à certains moments de la vie politique des différences d’appréciations et des choix différents, cela n’ a jamais entamé le socle solide des relations et la solidarité entre les deux partis. De l’élection de Paul Vergès comme député européen en 1979 sur la liste présentée par le PCF à la présence de Julie Pontalba lors du dernier scrutin européen, en passant par la participation des communistes réunionnais au groupe parlementaire commun avec les élus communiste du PCF.

J’ai pour ma part souligné combien Paul Vergès et Elie Hoarau avaient été des précurseurs en faisant voter au Sénat et à l’Assemblée nationale en 2001 la loi « portant création d’un observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer ». J’ai pu voir lors d’une visite, à l’invitation du maire communiste de Sainte-Suzanne et de la section du PCR, les installations actuelles et celles en construction qui font de cette commune une ville à énergie positive.

En préambule de cette conférence idéologique, le PCR écrivait : «  Durant six décennies le Parti communiste réunionnais aura maintes fois exposé toute sa singularité, tant en matière de politique intérieure que sur la scène internationale. Aujourd’hui, le statut départemental de La Réunion a atteint ses limites politiques, pendant que la communauté mondiale dresse un bilan social et environnemental désastreux du capitalisme libéral. Un changement de civilisation s’impose. C’est dans ce contexte que le PCR célèbre le 60e anniversaire de sa fondation. En invitant à porter un regard renouvelé sur les idéaux et les pratiques politiques confrontés aux urgences sociales et climatiques qui s’imposent à nos sociétés interdépendantes. »

Les échanges se sont organisés en quatre ateliers : « Le monde et La Réunion à l’heure de l’urgence sociale et climatique » ,  « De la compétition mondiale au co-développement régional, et inversement », « Être et exister : le “consomacteur” culturel », « Cultes différents ? Fidèles uniques ! » ; et puis une conférence idéologique internationale « Quelle communauté de destin pour la nouvelle ère ? »

Deux sujets ont traversé ces ateliers :

En premier lieu, les conditions singulières du combat politique de cette société dont l’identité multiculturelle fait du vivre-ensemble réunionnais un axe d’émancipation profond.

Du peuplement de l’île il y a 370 ans à aujourd’hui, que de violences !, celle de l’esclavage, de la colonisation et du néo-colonialisme. C’est au travers de cette histoire que se sont forgés un peuple, une culture sur le chemin de la liberté qui, comme le décrit l’écrivain Patrick Chamoiseau, est la seule charge « qui redresse le dos ».

Département français, La Réunion c’est, au 21e siècle, 110 000 illettrés, 30 % de la population active au chômage, 50% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, un tiers des jeunes quittent l’école sans diplôme. D’aucuns parlent d’économie de comptoir, pour parler de la politique néo-coloniale.

En second lieu, la place prépondérante du combat pour la paix dans les échanges, notamment avec la présentation du Forum politique des îles de l’océan Indien et le Mouvement de la paix réunionnais.

Renforcement de la base française à La Réunion, projet de base militaire aux Seychelles, accord de coopération militaire Inde/Afrique-du-Sud, provocation française sur les îles malgaches, et le scandale de la base américaine de Diego Garcia sur territoire anglais de l’archipel de Chagos dont la population a été déportée et dont les descendants marquent des succès importants pour retrouver leurs terres.

Autant de sujets qui méritent de retenir notre attention et notre solidarité.

Denis Rondepierre, responsable national aux Outre-Mer et Caraïbes.